Au Canada, les universités connaissent une intensification de leurs activités d'internationalisation sans précédent. À ce sujet, une enquête menée par l'AUCC (2014) met en évidence que le recrutement d'étudiants internationaux constitue la première des cinq priorités des établissements d'enseignement supérieur canadiens. En parallèle, plusieurs écrits témoignent de l’intérêt croissant que portent les chercheurs en sciences humaines et sociales pour l'internationalisation des universités. Ils mettent en évidence que, d’une province à l’autre, le processus d'internationalisation est relativement variable (Buckner et al., 2020; Taskoh, 2020). Au Québec, celui-ci varie également d'une institution à l'autre en fonction de plusieurs facteurs, tels que la langue d'enseignement et de communication (français ou anglais), la localisation géographique et les domaines d’études, ce qui crée des contrastes à l'intérieur même du système d'enseignement supérieur. Selon Jane Knight, le processus d'internationalisation se définit comme le « processus d'intégration d'une dimension internationale et interculturelle dans les missions et les fonctions de l'enseignement postsecondaire » (Knight, 2004, p. 2). Cependant, les caractéristiques de ce processus (justifications, bénéfices, résultats, activités et acteurs) divergent d'une institution à l'autre (Knight, 2004).
Cette étude se focalise sur le développement des partenariats internationaux, qui sont l'une des composantes du processus d'internationalisation de l'enseignement supérieur, ainsi que sur les stratégies inhérentes à la construction et à la gestion de ceux-ci. Malgré la forte tendance à l'internationalisation qui caractérise les universités, développer des relations durables et stables dans un partenariat n'est pas une mince affaire. Il convient ainsi de consacrer davantage d'attention à l'analyse de la façon dont elles gèrent leur développement international et des bonnes pratiques qu'elles mettent en œuvre. En interrogeant des administrateurs d'universités québécoises sur les conditions de leur implication dans des partenariats, cette étude vise à examiner dans quelle mesure ils respectent le principe de réciprocité et quelles stratégies sont mobilisées dans sa mise en application.
Le cadre conceptuel et d’analyse repose sur un assemblage de trois concepts: les « justifications » et les « stratégies d'internationalisation », tels que définis par Knight (2004) et la réciprocité. Des chercheurs se sont inspirés du concept de réciprocité (Galtung, 1980) pour examiner les conditions de développement et de gestion de partenariats internationaux (Leng, 2015, 2016; Mwangi, 2017; Wei et Liu, 2015). Le principe de réciprocité comprend quatre objectifs (équité, autonomie, participation et solidarité) par l'atteinte desquels une organisation sera à même de réduire les différences de pouvoir dans ses relations de coopération (Mwangi, 2017).
Les données utilisées proviennent de neuf entretiens semi-dirigés menés auprès d’administrateurs et de coordonnateurs de projets de quatre universités différentes. Le processus d'analyse est marqué par une alternance entre analyse déductive et inductive.
Les résultats montrent qu'au-delà de la rhétorique économique (présente notamment en matière de recrutement international), des justifications plus symboliques constituent l'un des moteurs de l'internationalisation. L'analyse souligne également la présence de différences dans les perceptions des participants selon qu'ils soient affiliés à des universités francophones ou anglophones. En outre, nous mettons en évidence plusieurs stratégies susceptibles d’instaurer des relations plus pérennes. Dans une certaine mesure, les administrateurs manifestent effectivement des stratégies associées au principe de réciprocité et les traduisent en actions concrètes. Bien que les résultats obtenus ne puissent être généralisés, ils donnent un aperçu des stratégies pouvant faciliter l'opérationnalisation des objectifs d'équité, de solidarité, de participation et d'autonomie. / In Canada, universities are facing an unprecedented increase in internationalization activities. In fact, a survey conducted by AUCC (2014) showed that Canadian institutions' most common top 5 priorities is international undergraduate student recruitment. Concurrently, in the Canadian literature, there is a growing interest regarding the study of the internationalization of Canadian universities. However, provincial variations regarding the internationalization process exist (Buckner et al., 2020; Taskoh, 2020). In Quebec, the internationalization of universities varies from institutions depending on several factors, such as the language of instruction (French-language universities or English-language universities), geographic location and the academic field. Therefore, it creates contrasting challenges inside the higher education system.
According to Jane Knight, the internationalization process is defined as "the process of integrating an international, intercultural or global dimension into the purpose, functions or delivery of post-secondary education" (Knight, 2004, p. 2). As mentioned by Knight (2004), the features of this process (rationales, benefits, outcomes, activities and stakeholders) fluctuate across institutions. In this study, we focus on the case of cross-border partnerships, which are one of the components of the internationalization process of higher education, as well as on the strategies inherent in the management of those partnerships. Despite the high demand from universities to engage in collaborations, developing successful and sustainable relationships is not an easy task. Nonetheless, more attention needs to be dedicated to investigating how universities cope with their international development and best practices for success. In this light, our study aims to explore strategies in cross-border partnerships. By interrogating Quebec's administrators, it examines how far those partnerships are characterized by mutuality. Despite the extension of commercial approach and market-based values, we state that strategies and practices emerging from this study show great examples of how universities deal with their international development in a more collaborative way.
The conceptual framework relies on a combination of three concepts: "rationales" and " strategies of internationalization" as defined by Knight (2004) and "mutuality". A number of researchers have drawn upon Galtung (1980) concept of mutuality to deeper understand cross-border partnerships development and management (Leng, 2015; Mwangi, 2017; Wei and Liu, 2015). The concept of mutuality comprises four goals (equity, autonomy, solidarity and participation) an organization can reach so as to reduce power differences in collaborations.
This study follows a qualitative research design and uses a hybrid process of deductive and inductive analysis. Our data comes from nine semi-structured interviews conducted with administrators.
The findings show that despite an economic-related logic (especially when it tales to recruit international students), it is clear that symbolic rationales drive internationalization. Additionally, we find the existence of substantial differences between participants' perceptions from French-language and English-language universities. Importantly, we also highlight several strategies that can lead to more sustainable institutional relationships. To some degree, administrators manifest some aspects of mutuality and turn them into concrete actions. Even if the results cannot be generalized, the findings have important implications for the development of further international collaborations between universities. In fact, it provides insight into the strategies that can be linked to the goals of equity, solidarity, participation and autonomy.
Identifer | oai:union.ndltd.org:umontreal.ca/oai:papyrus.bib.umontreal.ca:1866/27245 |
Date | 08 1900 |
Creators | Uzenat, Morgane |
Contributors | Kamanzi, Pierre Canisius, Deniger, Marc-André |
Source Sets | Université de Montréal |
Language | fra |
Detected Language | French |
Type | thesis, thèse |
Format | application/pdf |
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