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Phèdre et la femme de Putiphar dans les littératures des XIXe et XXe siècles : deux figures de tentatrices à l'épreuve de la condition féminine / Phaedra and Potiphar’s wife in the XIXth and XXth century Literatures : Two Figures of Temptation through the Female Condition

Si rapprocher Phèdre et la femme de Putiphar peut sembler surprenant, cette étude a mis en évidence la gémellité structurelle de leurs histoires et une probable origine commune : l’affrontement d’Ishtar et Gilgamesh au 2e millénaire av. J.C. Le motif de la tentatrice refoulée qui se venge s’est ensuite décliné en deux branches d’évolution, l’une proche-orientale donnant l’épisode de la femme de Putiphar, et l’autre grecque produisant le mythe de Phèdre. Si l’histoire littéraire privilégie parfois l’une ou l’autre, une bipartition finit par s’observer, la femme de Putiphar s’arrogeant le 19e siècle et Phèdre le 20e. L’origine de la tentatrice biblique explique en partie le phénomène. Proche-orientale à une époque où s’exerce une fascination pour l’Orient, héritière d’une misogynie chrétienne séculaire et d’une influence sadienne, la figure entre en résonance avec le mythe de la femme fatale qui s’élabore dans la deuxième partie du siècle. Car face aux premiers soubresauts féministes, les hommes répondent à ce qu’ils ressentent comme une invasion par la fabrication de toutes pièces d’une figure féminine fantasmée et caricaturale : les avatars de l’Egyptienne deviennent des séductrices frénétiques. Mais la Première Guerre mondiale procède à un rééquilibrage et Phèdre revient en force. Investie de nouvelles croyances, elle se fait l’écho de la condition féminine. Agent du bouleversement, elle incarne le Désir et la réalisation globale du sujet féminin. Revendiquant une nouvelle place dans la société, balayant l’ordre ancien, portant des valeurs politiques et humaines éternelles, cette nouvelle Phèdre brille dans un 20e siècle chaotique comme une héroïne intemporelle. / Even if comparing Phaedra and Potiphar’s wife seems to be strange, this study has pointed out the structural similarity of their stories and probably a same origin : the confrontation between Ishtar and Gilgamesh in the 2nd millennium B.C. The pattern of the rejected temptress who takes revenge has split and has taken two directions. In the Near East, it became the Potiphar’s wife motif and in the Greek area Phaedra’s myth. Through literary history, the preference has gone sometimes to one, sometimes to the other, until this amazing situation : Potiphar’s wife overruns the 19th century and Phaedra the 20th. The origin of the biblical temptress explains the phenomenon. She’s oriental during a period in which Europe is fascinated by Orient and Orientalism. Furthermore, she has inherited Christian ancestral misogyny and Sade’s influence. Finally, the figure meets the myth of the femme fatale born in the second part of the century. In fact, in reaction to the beginnings of feminism as if it were an invasion, men build a phantasie of feminine Evil. And Potiphar’s wife and its avatars become lustful seductresses. But first Word War balances the situation and Phaedra comes back. Embodying new beliefs, she echoes back the female condition. Subversive, personifying Desire and the fulfilment of the feminine, claiming for a new place in society, sweeping ancient rules, embodying political and timeless human values, this new Phaedra is in the middle of this chaotic 20th century a bright and eternal heroine.

Identiferoai:union.ndltd.org:theses.fr/2015PA040184
Date11 December 2015
CreatorsNegovanovic, Catherine
ContributorsParis 4, Chauvin, Danièle
Source SetsDépôt national des thèses électroniques françaises
LanguageFrench
Detected LanguageFrench
TypeElectronic Thesis or Dissertation, Text, Image

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