Le carnaval, symbole de la culture festive de l’Europe du Moyen Age, a aujourd’hui largement disparu. L’impact de la Réformation a souvent été questionné, sans être étudié : quel rôle Luther et les siens ont-ils joué dans cette évolution? Dans l’Empire, le carnaval est d’abord utilisé comme un instrument au service de l’entreprise de déstabilisation et de désacralisation de l’Église romaine. Dès 1520, Luther lui emprunte un langage bas, propice à la satire et cohérent avec le principe du sacerdoce universel. Les carnavals moquent l’Église comme un élément malsain de la société, et favorisent la révolution religieuse en présentant le retour à l’ordre comme celui de la réforme de l’Église folle. Pourtant, à mesure que la puissance de destitution du carnaval se révèle et que les clercs protestants se mettent à le définir comme la fête de la fausse Église, les Églises luthériennes basculent contre le carnaval. Dès lors, prédicateurs et réformateurs cherchent des solutions pastorales et liturgiques pour le supplanter. Théoriquement, ces efforts sont épaulés par l’action des autorités temporelles. Mais il faut du temps pour que celles-ci s’approprient leur charge, et surtout pour qu’elles considèrent le carnaval comme un élément nuisible à la société, à rebours des traditions de diplomatie et de cohésion civique qu’il assumait jusqu’alors. Ce combat contre carnaval, qui mène peu à peu à son interdiction par les Églises luthériennes, exprime le refus d’une culture profane préexistant à la Réformation. La lenteur et la difficulté à éradiquer le carnaval s’expliquent à la fois par son ancrage coutumier et son aspect protéiforme. / Carnival, which was emblematic of the festive culture in mediaeval Europe, has disappeared to a large extent today. The question of the impact of the Reformation has often come up without being studied: what part did Luther and his followers play in this evolution? In the Holy Roman Empire carnival was first used as a means for destabilizing the Roman Catholic Church and taking away its sacred aura. As early as 1520 Luther adopted its low-level language, which was most suitable for satire and consistent with the principle of universal priesthood. Carnivals make fun of the Catholic Church as an unwholesome component of society and favor the religious revolution in presenting the restoration of order as the fruit of the reformation of a « foolish » Church. However,as the carnival subversive power was being revealed and the Protestant clerics started defining it as the feast ofthe false Church, Lutheran churches turned against it. Since then, preachers and reformers did try and find pastoral and liturgical ways of supplanting it. In theory, these efforts were supported by the action of the temporal authorities. But the latter were a long time taking on their responsibility and moreover considering carnival very harmful to society, against its traditional diplomatic and civic cohesion role. This long-term fight against carnival which leads progressively to its banning by the Lutheran churches expresses the refusal of a profane culture preexisting to Reformation. The reasons why it took such a long time to eradicate carnival are both its rooting inancient custom and its protean character.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2017PA040127 |
Date | 25 November 2017 |
Creators | Guillabert, Tiphaine |
Contributors | Paris 4, Université de Neuchâtel (Suisse), Crouzet, Denis |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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