En français contemporain, l’hésitation dans le choix entre être et avoir comme auxiliaire dans les formes verbale composées (par ex. le passé composé) de certains verbes intransitifs (par ex. tomber), surtout dans des variétés non standards du français, démonte clairement l’écart qui existe entre le français normé et le français oral quotidien. Cette hésitation, voire l’incertitude, dans le choix de l’auxiliaire n’est pas une particularité arbitraire ou aléatoire de la langue contemporaine; elle s’inscrit plutôt dans une tendance diachronique et pan-romane que l’on a pu observer dans la langue française depuis son émancipation du latin.
Notre étude, qui se fonde sur la théorie de la grammaticalisation, propose une analyse du discours grammatical de 1500 – époque où sont apparues les premières grammaires du français – jusqu’à 1789 avec la Révolution française, signalant le moment où la langue se serait stabilisée et aurait adopté sa forme moderne.
Nous divisons les trois siècles de notre étude en quatre périodes distinctes, déjà bien établies dans les études historiques. Ce sont :
- Le XVIe siècle (1530-1599)
- La première moitié de la période classique (1600-1650)
- La deuxième moitié de la période classique (1651-1715)
- Le Siècle des lumières (1716-1789)
Pour chacune des quatre périodes, l’analyse se fait en trois temps. Premièrement, nous recensons les grammairiens, les lexicographes et les essayistes qui se sont prononcés, soit explicitement, soit implicitement, sur l’emploi des auxiliaires être et avoir dans les formes verbales composées (FVC). Nous identifions, là où cela est possible, le dialecte maternel de chaque auteur et son modèle d’usage. Deuxièmement, nous résumons les observations et les commentaires sur l’emploi des auxiliaires dans les FVC formulés par chaque auteur, y compris les tentatives d’explication quant à la variation dans le choix de l’auxiliaire. Finalement, nous rapportons la description de l’emploi des auxiliaires dans les FVC proposée par des historiens de la langue française pour la période en question.
Notre étude nous permet de confirmer, en ce qui concerne les FVC, certaines tendances déjà reconnues dans la langue française et d’en identifier d’autres. Également, nous avons pu repérer, voire circonscrire des facteurs qui ont eu une influence sur le choix, tels les verbes plus sensibles à l’alternance, les grammairiens dont l’autorité s’est imposé plus que d’autres ou avant les autres dans l’établissement de la norme sur ce point, les contextes sociaux dans lesquels le débat a eu lieu et la période pendant laquelle les préoccupations sur ce choix était les plus intenses. / In contemporary French, the hesitation in the choice between être and avoir as an auxiliary verb in compound verb forms (i.e. the passé composé) of certain intransitive verbs (i.e. tomber), especially in non-standard varieties of French, clearly demonstrates the gap that exists between normative French and everyday spoken French. This hesitation, or uncertainty, in the choice of the auxiliary is not an arbitrary or random characteristics of contemporary French; it falls squarely within a diachronical and cross-Romance trend that can be observed in the French language since its emancipation from Latin.
This study, which is based on Grammaticalisation Theory, is an analysis of grammatical discourse from 1500 - the era when the first grammars of French appeared - to 1789 and the French revolution, a period when the language is said to have been standardised and its modern form established.
The three centuries that this study covers are divided into four distinct periods, already well established by previous historical studies. These periods are :
- The 16th century (1530-1599)
- The first half of the Classical Period (1600-1650)
- The second half of the Classical Period (1651-1715)
- The Enlightenment (1716-1789)
For each of these four periods, there are three levels of analysis. First, we identify the grammarians, lexicographers and essayists who, explicitly or implicitly, express their views on the use of the auxiliaries avoir and être in compound verbs forms, as well as, where possible, their native dialect and the model of French (usage) they promote. Second, we summarize the observations and commentaries of each author on the choice of auxiliary in compound verb forms, including any attempts to explain the variation attested during the period. Finally, we look at the description, for each period, of the use of auxiliaries in compound verb forms put forward by historians of the French language.
Our study has allowed us to confirm certain established trends related to auxiliary use in compound verb forms in French and to identify others. As well, we identify, or define, the factors that influence auxiliary selection, such as the verbs most likely to alternate between the two auxiliaries, the grammarians who had the greatest influence or who set the groundwork for establishing the norm for this grammatical point, the social contexts in which the grammatical debate took place and the periods during which the concern over auxiliary selection was the most intense.
Identifer | oai:union.ndltd.org:umontreal.ca/oai:papyrus.bib.umontreal.ca:1866/10557 |
Date | 09 1900 |
Creators | Rideout, Douglas L. |
Contributors | Ménard, Nathan |
Source Sets | Université de Montréal |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Thèse ou Mémoire numérique / Electronic Thesis or Dissertation |
Page generated in 0.0031 seconds