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La lutte contre le gaspillage alimentaire en France et aux Etats-Unis : mise en cause, mise en politique et mise en marché des excédents alimentaires / The fight against food waste in France and the United States : from the critique of excess food to public policies and market transformation

À travers le cas de la « lutte contre le gaspillage alimentaire » en France et aux États-Unis, cette thèse met en évidence les rouages de la transformation d’organisations capitalistes par l’incorporation de critiques sociales et écologiques, selon le processus théorisé par Boltanski et Chiapello dans Le nouvel esprit du capitalisme (1999). Reposant sur l’analyse qualitative de 213 entretiens et de plus de 125 observations menées de 2013 à 2017 au sein d’associations environnementales et caritatives, d’administrations publiques et de firmes des deux pays, ce travail de recherche retrace la construction de la cause du gaspillage, son inscription dans l’action publique, puis ses effets sur le fonctionnement de la production et des marchés alimentaires. L’argument proposé est que des militants, des chargés de la responsabilité sociale d’entreprises comme des acteurs politiques ont assuré non seulement la remise en cause mais aussi la remise en marché de produits alimentaires jusqu’alors jetés, par des mécanismes de reconstruction de valeur(s), de réallocation et de recatégorisation. Dans une démarche de changement consensuelle et réformiste, ils n’interrogent que rarement les relations de pouvoir sous-jacentes à l’origine de ces excédents. Ils contribuent ainsi à une recomposition des systèmes alimentaires qui bénéficie aux firmes dominantes autant qu’à des fondateurs d’entreprises et d’associations saisissant de nouvelles opportunités. Par ce retour réflexif sur leurs initiatives, cette thèse invite les entrepreneurs de la lutte contre le gaspillage, en France comme aux États-Unis, à s’interroger sur leur propre rôle dans l’adaptation d’organisations capitalistes. / Through the case of the “fight against food waste” in France and the United States, this thesis aims to reveal how, concretely, capitalist organizations evolve as they incorporate social and ecological critiques, following what Boltanski and Chiapello theorized in The New Spirit of Capitalism (2007). Based on the qualitative analysis of 213 interviews and more than 125 observations within environmental and charity organizations, public administrations, and private firms in the two countries, carried out from 2013 to 2017, this research shows how food waste was constructed as a public issue, became the object of public policies, and how it impacted the functioning of food production and markets. I argue that activists, policy makers, and corporate social responsibility managers have ensured not only the politicization but also the (re)marketization of food that used to be thrown away, through mechanisms of revaluation, reallocation, and recategorization. These food waste entrepreneurs adopted a consensual and reformist approach, which rarely tackled the underlying power relationships generating excess food. Thus, they contributed to reshaping food systems in a way that favored powerful firms—as well as non-profit or start-up founders who benefited from new opportunities. Offering this reflexive insight, this thesis encourages actors in the fight against food waste in both France and the United States to question their own role in promoting the adaptation of capitalist organizations.

Identiferoai:union.ndltd.org:theses.fr/2018IEPP0014
Date02 October 2018
CreatorsMourad, Marie
ContributorsParis, Institut d'études politiques, Dubuisson-Quellier, Sophie
Source SetsDépôt national des thèses électroniques françaises
LanguageFrench
Detected LanguageFrench
TypeElectronic Thesis or Dissertation, Text

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