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Les fibules émaillées en Gaule Belgique et Germanie Inférieure :chronologie, production et consommation

Les fibules émaillées semblent être singulièrement caractéristiques d’un territoire relativement restreint de l’Empire romain, à savoir les provinces de Gaule Belgique, de Germanie et de Bretagne romaines. Il s’agit d’une production qui aurait vraisemblablement débuter à la fin du Ier s. PCN, et qui a connu un tel succès qu’elle semble supplanter totalement les fibules non émaillées au IIème s. PCN. Malgré le développement important des études typologiques des fibules romaines durant les années 1970 et 1980, les formes émaillées s’avèrent être le parent pauvre de la discipline, notamment pour l’établissement de chronologies. Le but de la recherche vise à identifier les facteurs technologiques et socio-économiques qui ont influencé la production et la consommation des fibules émaillées tout au long de leur existence. Il est donc question de comprendre les choix des producteurs de fibules pour répondre aux attentes diverses des utilisateurs. Cette démarche implique d’abord de comprendre les évolutions majeures des formes de ces objets dans le monde romain. Un corpus d’étude rassemblant les fibules émaillées découvertes dans les civitates Menapiorum, Nerviorum, Treverorum et Tungrorum a donc été constitué en intégrant non seulement du matériel de musées et de centres de recherches archéologiques mais également celui de plusieurs collections privées. Afin de compléter cet ensemble, les fibules mentionnées dans la littérature archéologique ont également été ajoutées aux objets récolés. Malgré l’existence de plusieurs typologies, un nouveau système de classement a été développé afin de répondre aux objectifs de la recherche. Cette typologie, dont le but principal est de définir les périodes d’utilisation et de production ainsi que de préciser la diffusion de chacune des formes, constitue l’outil de base pour mettre en évidence les principales mutations formelles des fibules émaillées tout au long de leur existence. Il est ensuite question d’étudier les modes de production de ces objets et l’organisation de celle-ci pour identifier les choix stratégiques qu’ont fait les producteurs de fibules en fonction de l’environnement social, économique et politique. Cette approche nécessite que les matériaux et les techniques de fabrication soient identifiés. Par conséquent, une sélection d’objets a été réalisée à partir du matériel d’étude afin de constituer un corpus analytique. Des observations techniques ainsi que plusieurs types d’analyses physico-chimiques ont été pratiquées sur les fibules de ce corpus grâce à une collaboration avec l’Institut Royal du Patrimoine Artistique (KIK-IRPA). Il s’agissait de caractériser non seulement les alliages des objets par XRF mais aussi leurs émaux par SEM-EDX. Parallèlement à cette approche archéométrique, les modalités d’organisation de la production sont abordées d’une part, grâce à l’étude des traces archéologiques (infrastructures, objets inachevés, etc.) témoignant de la fabrication des fibules émaillées, et d’autre part, par l’étude des phénomènes d’ateliers observés à partir des objets eux-mêmes. Enfin, le dernier aspect vise à identifier les différents lieux dans lesquels les fibules émaillées étaient consommées ainsi que leurs utilisateurs afin de définir les principales caractéristiques de ces objets en tant que biens de consommation. Alors que les fibules sont omniprésentes dans la société gallo-romaine, rares sont les études approfondies qui étudient les modalités de leur consommation en fonction des contextes et des utilisateurs. Il est dès lors question de déterminer si les fibules émaillées étaient des produits urbains et/ou ruraux et si elles étaient consommées de la même manière par les populations des différents territoires (provinces, cités romaines, etc.). L’individu, en tant que consommateur, ne pouvant être abordé qu’à travers les sépultures, une étude systématique du mobilier funéraire des tombes de plusieurs nécropoles a été conduite pour préciser le statut des fibules émaillées dans la société gallo-romaine. Ainsi, la présence des fibules émaillées dans les sépultures a été statistiquement étudiée en fonction des territoires, du sexe et de l’âge des individus et des chronologies des tombes. Les résultats de la recherche indiquent que ces accessoires vestimentaires étaient avant tout fabriqués pour remplir une fonction utilitaire, celle de maintenir des pans de vêtements ensemble. Leur forme arquée est d’ailleurs l’élément caractéristique de cette utilité car c’est dans le creux de l’arc que l’amas de tissu était maintenu. Néanmoins, à partir de la fin du Ier s. PCN, les fibules romaines, et principalement les exemplaires émaillés, ont commencé à s’aplatir, amorçant de facto un glissement de leur fonction principale, en devenant des bijoux dotés d’une utilité davantage esthétique. Les morphologies et les décors émaillés, de plus en plus riches et complexes, témoignent de cette profonde mutation, probablement induite par un changement de la mode vestimentaire. Alors qu’au début de la production, les alliages cuivreux utilisés pour ces objets témoignent d’un certain niveau de qualité (bronze et laiton « purs »), les fibules du IIème s. PCN sont principalement fabriquées à partir de métaux recyclés. Ce phénomène, témoignant d’une stratégie opportuniste, est probablement lié à la nécessité de produire plus, résultant de l’explosion de la demande. Les analyses physico-chimiques des émaux indiquent qu’il s’agissait majoritairement de verres translucides d’origine orientale qui avaient probablement été opacifiés et/ou colorés dans des ateliers secondaires. Les artisans émailleurs ne semblent avoir joué un rôle que très limité dans la production des émaux bien qu’il soit possible qu’ils aient modifié les propriétés physico-chimiques du verre en fonction des motifs émaillés.Des analogies morphologiques, stylistiques et technologiques ont montré que des liens devaient être faits entre les fibules et d’autres objets (boîtes à sceau, appliques, etc.), dont certains montrent l’existence d’infrastructures produisant plusieurs types d’objets. Bien que non exhaustives, les données semblent indiquer que la fabrication de fibules émaillées constituait une activité développée par des producteurs affranchis de toute autorité et qui évoluaient librement sur les marchés. On peut distinguer deux types d’organisation de la production avec, d’une part, des producteurs dispersés qui répondent à une demande exclusivement locale, et, d’autre part, des producteurs nucléés en quelques endroits qui inondent un marché provincial. La présente recherche a, par ailleurs, révélé que les fibules émaillées étaient consommées dans la plupart des sphères de la société gallo-romaine. Elles sont attestées dans les habitats ruraux et urbains, dans les lieux publics (fora, thermes, théâtres, etc.) et de culte (sanctuaires, temples, etc.), dans les nécropoles (ustrina, sépultures, etc.) ainsi que dans les zones artisanales et commerciales. L’étude de la consommation a révélé que plusieurs territoires n’utilisaient pas ces objets. Ainsi, la Civitas Menapiorum et le nord de la Civitas Tungrorum témoignent de cette absence qu’il est tentant d’assimiler à un rejet des fibules émaillées, et ce malgré la très grande proximité avec d’autres territoires qui en sont richement pourvus. Il est d’autant plus frappant que la diffusion des fibules émaillées dans cet espace coïncide avec le faciès géographique de la culture matérielle du « villa landscape ». Il semblerait donc que ces objets doivent être vus comme des productions caractéristiques de cette culture matérielle. / Doctorat en Histoire, histoire de l'art et archéologie / info:eu-repo/semantics/nonPublished

Identiferoai:union.ndltd.org:ulb.ac.be/oai:dipot.ulb.ac.be:2013/227819
Date05 March 2016
CreatorsCallewaert, Maxime
ContributorsTholbecq, Laurent, Wouters, Helena, Raepsaet, Georges, Warmenbol, Eugène, Delplancke, Marie-Paule, Feugère, Michel
PublisherUniversite Libre de Bruxelles, Université libre de Bruxelles, Faculté de Philosophie et Sciences sociales - Histoire, histoire de l'art et archéologie, Bruxelles
Source SetsUniversité libre de Bruxelles
LanguageFrench
Detected LanguageFrench
Typeinfo:eu-repo/semantics/doctoralThesis, info:ulb-repo/semantics/doctoralThesis, info:ulb-repo/semantics/openurl/vlink-dissertation
Format2 v. (595 p.), No full-text files

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