La relation des groupes armés non étatiques à l’Etat ne relève pas nécessairement d’une alternative exclusive entre l’affaiblissement étatique ou la délégation de la violence. Cette thèse prend comme objet la relation entre l’Etat et les groupes paramilitaires en Colombie afin d’étudier le lien entre la violence privée et la formation de l’Etat. L’histoire de ces groupes se caractérise à la fois par des alliances collusives avec des secteurs des élites politiques et administratives et par des processus de dénonciation qui rendent ces relations inavouables. Il s’agit donc d’une situation dans laquelle le pouvoir des armes échoue à se transformer en pouvoir légal. Une double perspective est mobilisée. Une première approche analyse le traitement des groupes paramilitaires par les institutions étatiques centrales, dans les termes d la politique de sécurité, de l’action judiciaire ou encore des politiques de sortie de conflit. Elle montre que ces groupes font l’objet d’une multiplicité de formes d’intervention étatique. Celles- ci ne peuvent se comprendre comme une forme univoque d’action publique, mais plutôt comme le signe de conflits intra-étatiques portant sur le contrôle et la régulation de la violence. Une seconde approche analyse l’action locale des groupes paramilitaires, à la fois dans leur intervention dans le jeu électoral, leur rôle d’entrepreneurs de violence, leur positionnement face aux guérillas et leur relation au marché. Elle montre que les groupes paramilitaires constituent des formes d’autorité locale. Loin de s’opposer à l’Etat, ils cherchent à tirer des bénéfices de leur position dans le maintien de l’ordre et l’exploitation des ressources. / The relation between non-state armed groups and the state should not be necessarily interpreted as a mutually exclusive alternative between state weakness and violence sub- contracting. This thesis mobilizes a research on the relations between the state and paramilitary groups in Colombia in order to analyse the link between private violence and state formation. The history of these groups is characterized by the existence of collusive alliances with sectors of the political and administrative elites, but also by forms of denunciation and disclosure that delegitimize these relations. This thesis examines a situation in which the power of weapons fails to turn into legal power. From a double perspective, it mobilizes the conceptual tools of the historical sociology of the state. A first approach analyses the treatment of paramilitary groups by central state institutions, in terms of security policies, judicial action or peace-building policies. It shows that these groups are subject to multiple modalities of state intervention. These cannot be understood as a univocal form of public action, but rather as a sign of intra- state disputes over the control and regulation of private violence. A second approach analyses the local action of paramilitary groups: their intervention in the electoral process, their role as violent entrepreneurs, their positioning relative to the guerrillas and their relation to the market It shows that paramilitary groups are forms of local authority; far from being opposed to the state, they seek instead to benefit from their position as key actors for resource extraction, as well as in the construction and maintenance of local orders.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2014IEPP0025 |
Date | 16 June 2014 |
Creators | Grajales Lopez, Jacobo |
Contributors | Paris, Institut d'études politiques, Briquet, Jean-Louis |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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