Longtemps en marge des pratiques militaires occidentales, la guerre irrégulière fut réintroduite au cours de la Seconde Guerre mondiale sous l’impulsion de la stratégie indirecte adoptée par la Grande-Bretagne. Les réseaux de coopération interalliés permettent alors à ces nouvelles conceptions de se diffuser auprès d’acteurs français et américains, formant ainsi le creuset d’une nouvelle communauté stratégique. L’émergence de la « menace subversive » au début de la guerre froide favorise le renouvellement de cette communauté et le développement des savoirs stratégiques irréguliers tels que la guérilla ou la guerre psychologique. Tantôt dans la coopération, tantôt dans la rivalité, les alliés tissent leur communauté de pratiques, d’abord en Asie du Sud-Est, face à la menace maoïste, puis dans l’ensemble du Tiers-Monde. Au cours des années 1960, ce sont les États-Unis qui prennent la tête de la croisade contre les « guerres de libération nationale » et développent en réponse une stratégie intégrée sous le nom de « contre-insurrection ». L’échec de sa mise en œuvre au Vietnam, ainsi que ses dérives politiques conduisent pourtant au rapide déclin de la stratégie irrégulière en Occident jusqu’à sa réapparition au début du XXIe siècle. En s’appuyant sur un grand nombre de sources primaires et en adoptant les nouvelles méthodes de l’histoire connectée, ce travail met en lumière les structures, les réseaux et les vecteurs qui contribuèrent à la circulation des savoirs associés à la guerre irrégulière. Il en explore également les motivations, ainsi que les limites et tente de proposer un narratif global permettant d’appréhender l’évolution des concepts de guerre irrégulière. / After being marginalized for centuries by the Western military model, irregular warfare was reintroduced during the Second World War through the indirect strategy adopted under British leadership. These new concepts then spread to the French and the American allies, thus contributing to forge the crucible of a new strategic community. The emergence of a "subversive threat" at the beginning of the Cold War allowed the renewal of such a community and the development of strategic knowledge such as irregular guerrilla or psychological warfare. Sometimes in cooperation, sometimes in rivalry, Western allies weaved their community of practice, first in Southeast Asia, facing the Maoist threat of people’s war, and then throughout the whole Third World. In the 1960s, the United States took the head of the crusade against the "wars of national liberation" and thus developed an integrated strategy, known as "counterinsurgency". The failure of its implementation in Vietnam and its political excesses yet lead to the rapid decline of irregular strategy in the West until its reappearance in the early twenty-first century, in the context of the global war on terror. Based on a large number of primary sources and adopting new methods of connected history, this work highlights the structures, networks and vectors which contributed to the circulation of strategic knowledge associated with irregular warfare. It also explores the motivations and limitations for such a circulation and attempts to offer an global narrative to apprehend the evolution of irregular warfare concepts.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2015IEPP0015 |
Date | 10 June 2015 |
Creators | Tenenbaum, Élie |
Contributors | Paris, Institut d'études politiques, Mélandri, Pierre, Vaïsse, Maurice |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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