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Penser le corps social en situation à Rome et dans le monde romain : perceptions et représentations de l'atteinte physique du 1er siècle avant notre ère au IVe siècle de notre ère / "Conceiving the social body position in Rome and in the Roman world : perceptions and representations of the physical damage from the first century BC to the fourth century AD"

« Penser le corps social en situation à Rome et dans le monde romain : perceptions et représentations de l’atteinte physique du Ier siècle avant notre ère au IVe siècle de notre ère » est une thématique de recherche qui s’inscrit pleinement dans un champ historiographique développé outre-Atlantique, mais également en France, depuis les années 1970-1980 : celui des disability studies (selon les propos tenus par F. Collard dans son avant-propos de l’ouvrage Handicaps et sociétés dans l'histoire : L'estropié, l'aveugle et le paralytique de l'Antiquité aux temps modernes, F. Collard [dir.], l'Harmattan, Paris, 2010, p. 5-8.), qui ont surtout regardé vers l’époque contemporaine sans pour autant négliger les périodes antérieures. Le but d’un tel projet est de rassembler et d’interpréter les vestiges du passé, qui permettent d’ouvrir des perspectives plus larges sur la compréhension des sociétés anciennes, en vue de cerner à la fois les aspects physiques du handicap et ses perceptions sociales et culturelles. Si la présence du handicap dans l’histoire peut sembler un invariant, il n’en est pas de même de sa perception. Si l’on se penche sur le corpus de sources qui permettent d’aborder une telle question, on remarque très vite qu’en dehors des restes osseux, que seul le regard d’un spécialiste de paléopathologie peut faire parler, l’historien est confronté à une subjectivité qu’il doit prendre en compte pour traiter un tel sujet. Et c’est là, pour une fois, tout leur intérêt car c’est bien d’elle qu’il s’agit : saisir cette subjectivité permet de rendre la perception du handicap et des êtres qui en sont atteints au sein d’une société donnée. Le regard de l’autre est l’élément qui conditionne l’existence d’un individu à Rome, sa capacité à être pleinement un homme, notamment pour un citoyen romain, de sa naissance à sa mort. Dès lors, la répugnance de la société romaine pour les atteintes au corps, et donc la perception de ceux qui en sont victimes, semblent être la condition de l’inclusion ou de l’exclusion des citoyens dans le corps social. Cette importance de la perception et du regard de l’autre dans la définition d’un corps social apte à exercer pleinement ses fonctions est, d’ailleurs, bien visible à différentes échelles ; par exemple, en considérant la place fondamentale dans la vie publique qui est accordée à l’éloquence et à la rhétorique. Si l’on se réfère à de grandes figures telles que Cicéron, Fronton ou Quintilien, la gestuelle, la voix et la capacité à en user constituent des éléments tout à fait primordiaux de l’exercice du « métier de citoyen » à Rome tel qu’il a été défini par Claude Nicolet (Le métier de citoyen dans la Rome républicaine, Gallimard, Paris, 1976). Ceci n’est pas sans incidences, car « l’œil du spectateur » n’est pas, à Rome et dans les cités de l’Empire, un simple vecteur de préjugés mais peut donner lieu à des définitions juridiques comme celle du « monstre », avec des répercussions politiques, sociales et religieuses. Le but de notre thèse est de montrer comment ce projet, à partir d’un large dépouillement des sources littéraires et de la documentation archéologique, épigraphique, juridique…, associe à la fois approche historique et démarche anthropologique afin d’étudier les perceptions et représentations des êtres infirmes à Rome et les évolutions de celles-ci ; le but étant à terme de pouvoir dépeindre comment furent considérées et assistées les personnes physiquement atteintes, à Rome et dans le monde romain, au travers de problématiques qui, pour certaines, sont toujours d’une saisissante actualité dans nos sociétés contemporaines. / "Conceiving the social body position in Rome and in the Roman world: perceptions and representations of the physical damage from the first century BC to the fourth century AD" is a research topic that fully lies within the scope of a historiographical field that has been developed overseas but also in France since the 1970-1980’s: the field of disability studies (according to the words of F. Collard in his foreword to the book Handicaps et sociétés dans l'histoire : L'estropié, l'aveugle et le paralytique de l'Antiquité aux temps modernes, F. Collard [ed.], L'Harmattan, Paris, 2010, p. 5-8.), which especially concentrated on contemporary times, without however neglecting prior periods. The purpose of such a project is to collect and interpret the remains of the past that open broader perspectives on the understanding of ancient societies, in order to identify both the physical aspects of disability and its social and cultural perceptions. The presence of disability in history may seem invariant, but its perception does not. If one looks at the corpus of sources that allow adressing such a question, one quickly notes that outside of the bone remains that only a specialist in paleopathology can analyze, the historian is confronted with a subjectivity that must be considered in order to study such a subject. And this is where lies the heart of the matter: seizing this subjectivity allows us to highlight the perception of disability and of those being affected by it in a given society. The gaze of the other is the element that determines the existence of an individual in Rome, its ability to be fully a man, especially for a Roman citizen, from his birth to his death. Consequently, the reluctance of the Roman society to consider the violations of the body, and therefore the perception of those who are its victims, appears to be the condition for the inclusion or exclusion of citizens in the society. The importance of the perception and the gaze of others in the definition of a social body fully able to exercise its functions is, however, clearly visible at different scales; for example, relating to the fundamental function in public life given to eloquence and rhetoric. If one refers to great figures such as Cicero, Quintilian and Fronton, gestures, voice and the ability to use it are essential factors to exercise the "craft of citizenship" in Rome as defined by Claude Nicolet (The World of the Citizen in Republican Rome, University of California Press, Berkeley, 1980). This is not without consequences, because "the eye of the beholder" is not, in Rome and in the cities of the Empire, a simple vector of prejudice, but may result in legal definitions such as the "monster", with political, social and religious repercussions. The aim of our thesis is to show how this project, using a wide assessment of literary sources and archaeological, epigraphic, legal documentation, combines both a historical and an anthropological approach to study the perceptions and representations of disabled beings in Rome, and their evolution. The aim is to be able eventually to portray how people physically affected were considered in Rome and in the Roman world, through issues that, for some at least, are still strikingly relevant in our contemporary societies.

Identiferoai:union.ndltd.org:theses.fr/2016LIL30046
Date03 December 2016
CreatorsHusquin, Caroline
ContributorsLille 3, Université de Fribourg (Suisse). Faculté des lettres, Benoist, Stéphane, Dasen, Véronique
Source SetsDépôt national des thèses électroniques françaises
LanguageFrench
Detected LanguageFrench
TypeElectronic Thesis or Dissertation, Text

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