La poésie française de l’entre-deux-guerres présente bien souvent un visage désuni, entre des groupes d’avant-garde à la parole théorique forte, qui renouvèlent en profondeur la pensée et la pratique de la poésie (surréalistes, dadaïstes ou poètes de la modernité bohème sous l’égide d’Apollinaire et de Reverdy), et des poètes sans affiliation, qui laissent une œuvre parfois orpheline de théorie (Claudel, Jouve, qui placent leur œuvre sous le signe de la spiritualité chrétienne, Saint-John Perse ou Fargue, qui recherchent la modernité loin de l’agitation des mouvements littéraires). Ce travail entend proposer une catégorie historiographique susceptible d’offrir une vue cohérente de la poésie de la période, à travers le concept d’image, tel que le développent notamment Reverdy et Breton dans leurs écrits théoriques. L’image et l’analogie sont au cœur des écrits théoriques de l’entre-deux-guerres : elles donnent à la poésie moderne la possibilité de se redéfinir hors des critères désuets du vers et de la rime, de s’identifier à l’expression de la pensée intuitive, dans le vis-à-vis de la rationalité portée par le positivisme. À travers elles, apparait également l’unité esthétique de la poésie de la période, marquée par le goût de l’imaginaire et du merveilleux, la tentation de l’hermétisme. Le concept d’image permet donc d’unifier la poésie de l’entre-deux-guerres, par-delà les divergences qui existent entre ces auteurs, et d’articuler celle-ci à sa théorie et à sa place dans l’histoire des idées. / French poetry of the interwar years often presents an uneven complexion, between groups of the avant-garde that deeply renew both how to think of, and to practice poetry, thanks to their assertive theoretical discourse (surrealists, dadaïsts, or poets belonging to the bohemian modernity under the aegis of Apollinaire and Reverdy), and poets without affiliation, who leave behind them works that are sometimes devoid of theoretical parentage (Claudel, Jouve, whose writing is inspired by Christian spirituality, Saint-John Perse or Fargue, whose quest for modernity unfolds far from the frenzy of literary movements). This thesis wishes to construct a historiographical category liable to give a coherent view of the poetry produced during this period, through the concept of the image, as developed by Reverdy and Breton, particularly in their theoretical writings. The concepts of the image and the analogy are the heart of the theory written during the interwar years : they give modern poetry the possibility of redefining itself outside the obsolete criteria of rhyme and verse, of identifying itself to intuitive thinking as opposed to the rationality carried in positivism. Through them, there appears an aesthetic unity of poetry, characterised by a taste for the imaginary and the marvellous, and the temptation of hermeticism. The concept of the image thus makes it possible to unify interwar poetry, beyond the differences that exist between these authors, and to articulate poetry with its theory and its position in the history of ideas.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2018SORUL183 |
Date | 12 December 2018 |
Creators | Huet, Marie |
Contributors | Sorbonne université, Murat, Michel |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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