Cette recherche opère un renversement du mode de construction de l’objet de la recherche en sciences du langage. Elle tente de comprendre, à travers une enquête sociolinguistique par entretiens, le rapport subjectif de jeunes locuteurs algériens à l’égard de leurs langues (algérienne, arabe, tamazight, français). Bien que les attitudes à l’égard de ces langues se sont imposées à l’analyse pour préciser le statut particulièrement complexe des langues en usage en Algérie, cette recherche tente plus particulièrement de comprendre un rapport souvent considéré comme allant de soi : le rapport subjectif à leur langue dite de « religion », « la langue arabe » (sans autre précision). Nombreuses sont les questions qui ont animées l’enquête sociolinguistique et anthropologique à partir de laquelle part le questionnement centré sur le mythe du sacré dans la langue arabe.Intrinsèquement liée au Coran, ce corps d’une ‘Umma imaginaire à laquelle tout algérien s’imagine appartenir ou ne pas appartenir, la langue arabe suscite des positionnements ambivalents chez ses tenants : quelles sont les positions subjectives d’étudiants algériens motivés par la réussite, mus par leurs rêves, à l’égard de la langue arabe de religion ? La dimension diglossique qui inspire les désignations fluctuantes « langue/dialecte » entraineraient-elles des spécificités chez les locuteurs arabophones et/ou berbérophones algériens ? Si oui, quelles attitudes et représentations renferme cette idéologie dieu-glossique ? Les locuteurs assument-ils la désignation « sacré » associée à la langue arabe ? Cet imaginaire linguistique (« langue d’Adam, du Paradis, pure, NOtre langue, langue de l’intercompréhension ») serait-il de nature à influencer les comportements linguistiques des locuteurs arabophones ? En effet, qui mieux qu’un locuteur arabophone pour expliquer le clivage entre une sorte de respect exagéré de la forme de ce qui est désignée « langue » d’un côté, en même temps, sa stigmatisation de l’autre ? Serait-ce de l’ordre du fétichisme de la langue ? Le traitement de ces questions révèle la manière dont chacun et chacune des jeunes locuteurs et locutrices algériennes interrogé.e.s exprime son rapport subjectif à sa langue de religion et de scolarisation : sublime pour l’un, horrible pour l’Autre, la langue sacrée a « plus d’un tour dans son sacre ». / This research operates a change in the mode of construction of research object in the sciences of Linguistics. It tries to understand, through an anthropological and sociolinguistic survey by interviews, the subjective relationship of young Algerian speakers with regard to their languages (Algerian, Arabic, Tamazight, French). Although attitudes towards these languages have been imposed on the analysis in order to clarify the particularly complex status of the languages used in Algeria, this research attempts more particularly to understand a relationship often taken for granted: the subjective relationship to their so-called language of "religion", "the Arabic language" (without further specification). Many questions have prompted the sociolinguistic and anthropological inquiry from which the questioning centered on the myth of the sacred in the Arabic language begins.Intrinsically linked to the Koran, this body of an imaginary Umma to which all Algerian Arabic and Berber speaker imagine belonging to or not, the Arabic language creates ambivalent positions among its speakers. What are the subjectives positions of Algerian students motivated by success, driven by their dreams, with regard to the Arabic language of religion? Does the multi-diglossic dimension that inspires the fluctuating positions ("language / dialect") designations lead to specificities among Algerian-speaking and / or Berber-speaking speakers? If so, what attitudes and representations contain this god-glossic ideology? Do the speakers assume the "sacred" designation associated with the Arabic language? Is the linguistic imagination (the language of Adam, of Paradise, pure, our language, the language of intercomprehension) likely to influence the linguistic behavior of Arabic speakers? Indeed, who better than an Arabic speaker to explain the cleavage between a kind of exaggerated respect for the form of what is designated "language" on one side, at the same time, its stigmatization on the other. Could it be the order of the fetishism of language? Answering these questions reveals how each of the young Algerian speakers interviewed expresses their subjective relationship to their language of religion and schooling: sublime for one, horrible for the Other, the sacred language has "More than one trick up its sleeve "
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2017MON30021 |
Date | 27 November 2017 |
Creators | Dahou, Chahrazed |
Contributors | Montpellier 3, Boyer, Henri |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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