Le reportage, comme journalisme d'investigation de la presse écrite, se constitue en France dans le dernier tiers du XIXe siècle, non sans susciter des débats et des représentations contradictoires entre tenants et opposants. Il connaît dans l'entre-deux-guerres une période d'effervescence, pendant laquelle il se décline en différents supports (volumes, presse quotidienne et hebdomadaire) et selon différents rapports à l'actualité et à la fictionnalisation. Le reportage apparaît dès lors moins comme un genre uniforme qu'en tant que matrice d'un journalisme d'enquête, dont on peut retracer la formation et l'évolution, décrire les différentes variations génériques (reportage collectif, feuilletonesque et d'actualité). Associé à l'essor de la presse d'information, le reportage instaure l'envoyé spécial en médiateur, en écrivain et en héros de la culture médiatique. Le Reporter, comme objet de l'imaginaire social de la Troisième République, est une figure complexe, dont il convient de retrouver les représentations à la croisée de différentes productions. Ce sont à la fois des fictions, des articles de presse (reportages, interviews, nécrologies, métadiscours), des Mémoires de journalistes, de même qu'un ensemble de représentations iconographiques qui sont convoqués, afin de tracer un répertoire culturel des scénographies journalistiques, des scénarios fictionnels et des postures auctoriales concourant à la formation d'un imaginaire social du reporter, figure médiatisée et médiatrice. Au cœur des intrigues et reportages où elle prend place se rencontrent d'autres imaginaires sociaux – de la colonisation, du corps, du progrès technique et social, de la Nation. Ils indiquent en quoi le reporter est une figure républicaine, intimement liée à l'instauration de la démocratie parlementaire et de la liberté de presse, à la modernité technique et médiatique. Enfin, héritier du journalisme littéraire à la française, mais également associé à de nouveaux modes de saisie du réel (notamment les médias visuels, photographie et cinéma), le reporter est le pivot entre deux imaginaires médiatiques : l'un fait reposer sur la subjectivité du journaliste la restitution d'une vision du monde, perçu à travers le prisme de la médiation humaine ; l'autre, qui triomphera dans la seconde moitié du XXe siècle, prétend à une illusion de saisie objective du réel, capturé par la médiation technique. / Reportage, understood as investigative journalism of the written press, was invented in France in the last third of the nineteenth century, not without causing debates and contradictory representations between supporters and opponents. During the interwar period its popularity is at its peak, as reportage presents itself in different media (books, daily and weekly press) and with different relations to news and fictionalization. Reportage therefore appears less like a genre than a matrix of investigative journalism, whose formation and evolution can be traced and generic variations described (such as collective, serialized and news reportages). Linked to the development of the news media, reportage establishes the special correspondent as a mediator, a writer and a hero of modern media culture. The Reporter, as an object of the social imaginary of the Third Republic, is a complex figure, which representations are situated at the crossroads of different productions. These include fictions, press articles (reportages, interviews, obituaries, metadiscourses), Memoirs of journalists, as well as a set of iconographic representations, all of which are drawn upon to define a cultural repertoire of journalistic scenographies, fictional scenarios and authorial positions contributing to the formation of a social imaginary of the reporter, defined both as a publicized figure and a mediator. In the intrigues and stories in which the reporter appears, he meets other social imaginaries – of colonization, of the body, of technical and social progress, of the Nation. These mould the reporter into a Republican figure, closely linked to the development of parliamentary democracy and of freedom of the press, and to modern technology and media. Finally, heir of the French literary journalism, but also associated with new recording techniques (that is, visual media, photography and cinema), the reporter is the pivot between two mediatic imaginaries : one that uses the journalist's subjectivity and the prism of human mediation to account for a worldview ; the other, which will prevail in the second half of the twentieth century, claims to offer an objective grasp of reality, as permitted by the illusion of technical mediation.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2015MON30012 |
Date | 02 June 2015 |
Creators | Simard-Houde, Mélodie |
Contributors | Montpellier 3, Université Laval (Québec, Canada), Thérenty, Marie-Ève, Pinson, Guillaume |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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