Chaque année, de nombreux programmes de prévention des dépendances sont implantés dans les écoles québécoises. L'efficacité de ces programmes peut être minée par différents facteurs, dont le manque d’adaptation du programme aux caractéristiques de la population ciblée (Grover, 2010; Grover, Cram et Bowman, 2007; McKennitt, 2007) et les problèmes d'implantation (Janosz, 2010; Joly, Tourigny et Thibaudeau, 2005). Ainsi, un programme probant pourrait s'avérer peu efficace s’il est mal adapté ou mal implanté (Botvin, Baker, Dusenbury, Tortu et Botvin, 1990; Chen, 2015; Dumas, Lynch, Laughlin, Smith et Prinz, 2001; Dusenbury, Brannigan, Falco et Hansen, 2003; Janosz, 2010; Rohrbach, Graham et Hansen, 1993; Rossi, Lipsey et Freeman, 2004) ou encore créer des effets iatrogènes chez la population ciblée (Botvin et Griffin, 2007; Craplet, 2006; Sohn, 2000; Werch et Owen, 2002).
Au Québec, si l’étude de l'adaptation et de l’implantation des programmes de prévention en milieu scolaire apparait limitée pour la population générale (Janosz, 2010; Roberge, Choinière et Laverdure, 2009), elle semble absente chez la population autochtone. Or, dans certaines communautés autochtones québécoises, des taux élevés de consommation de psychotropes sont rapportés, sans compter que l'initiation à l’alcool et aux drogues survient à un âge précoce (Cotton et Laventure, 2013; Pronovost, Plourde, Alain, Eveno et Laperrière, 2009). Les particularités culturelles et la dispersion géographique de certaines communautés d'une même Nation peuvent complexifier l'implantation des programmes (Dell et al., 2012; Grover, 2010; Grover et al., 2007; McKennitt, 2007; Whitbeck, Walls et Welch, 2012). Pour offrir des programmes de prévention qui répondent aux besoins des jeunes autochtones, leur adaptation et l’évaluation de leur implantation apparaissent alors essentielles (Kumpfer, Pinyuchon, de Melo et Henry, 2008; McKleroy et al., 2006; Ringwalt et Bliss, 2006; Wingood et DiClemente, 2008).
Cette thèse par articles a pour but d’expérimenter l'adaptation culturelle d'un programme de prévention. À cette fin, le premier article vise à identifier les facteurs facilitant ou entravant l’implantation initiale d’un programme de prévention des dépendances (Système d) chez les élèves innus du Québec d'âge scolaire primaire. Le second article vise à illustrer le processus d’adaptation de ce même programme, puis à vérifier la fidélité de son implantation en ce qui a trait à l'adhérence au contenu.
Cette thèse comporte un devis de recherche mixte incorporé. Dans le volet qualitatif, différents répondants ont été rencontrés afin de documenter leur satisfaction et d’identifier les facteurs ayant facilité et entravé l'implantation: les animateurs du programme (n=6), les intervenants scolaires (n=2), les enseignants (n=2), la direction de l'école (n=1) et les parents des élèves ayant participé à la version initiale du programme (n=9). Dans le volet quantitatif, des journaux de bord ont permis de compléter l'identification des facteurs, en plus de mesurer l'adhérence au contenu de la version initiale du programme puis de sa version adaptée.
Les résultats obtenus ont permis d’identifier différents facteurs entravant l'implantation du programme (manque de disponibilité des membres du personnel scolaire, complexité de certains concepts). D’autres facteurs ont toutefois facilité l’implantation du programme (adaptation en cours d’animation, capacité de résolution de problèmes des animateurs et des enseignants). Si certains de ces facteurs (formation au programme, aptitudes des personnes qui implantent) sont également observés en milieu scolaire non autochtone, d'autres facteurs (implication de membres du Conseil de bande, barrières de la langue et de la culture) apparaissent plus spécifiques au contexte communautaire autochtone. L’identification de ces facteurs, bien qu'elle ne concerne qu'une communauté autochtone, pourrait être transposée à d’autres communautés afin optimiser l’implantation et l'adaptation des programmes de prévention dans leurs écoles. Les principales adaptations apportées au programme Système d concernent la restructuration du protocole d'intervention (réduction de la durée des ateliers, ajout d'un cinquième atelier ainsi que d'un volet communautaire), la diversification des méthodes pédagogiques utilisées et l’intégration de références culturelles autochtones dans le contenu du programme. Il semble toutefois que l'adaptation du programme, bien que nécessaire pour correspondre à la réalité des élèves innus, se soit avérée insuffisante pour augmenter l'adhérence à son contenu.
L'ensemble des résultats obtenus dans cette thèse permet de sensibiliser les différents praticiens des milieux scolaires autochtones, dont les psychoéducateurs, sur l'importance de sélectionner, implanter et adapter avec soin des programmes afin de prévenir adéquatement les dépendances auprès des jeunes autochtones.
Identifer | oai:union.ndltd.org:usherbrooke.ca/oai:savoirs.usherbrooke.ca:11143/10135 |
Date | January 2016 |
Creators | Cotton, Julie-Christine |
Contributors | Laventure, Myriam, Joly, Jacques |
Publisher | Université de Sherbrooke |
Source Sets | Université de Sherbrooke |
Language | French, English |
Detected Language | French |
Type | Thèse |
Rights | © Julie Christine Cotton, Attribution - Pas d’Utilisation Commerciale - Pas de Modification 2.5 Canada, http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/2.5/ca/ |
Page generated in 0.0021 seconds