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Rôle et importance des processus de renforcement dans l'apprentissage du comportement de reproduction chez l'Homme.

Quels sont les facteurs à l'origine des comportements humains ? Quels sont les processus neurobiologiques les plus primordiaux qui sous-tendent le développement et la dynamique de ces comportements ? Comment ces comportements émergent-ils de l'interaction entre les différents facteurs biologiques et environnementaux ? Afin de répondre à ces questions capitales, nous avons réalisé une synthèse transdisciplinaire (neurosciences, éthologie, ethnologie et psychologie) de la littérature actuelle relative au comportement de reproduction. Ce comportement a été choisi car il est le comportement fondamental, absolument nécessaire à la survie de l'espèce, et, de ce fait, vraisemblablement soumis à une intense pression des mécanismes de la sélection naturelle. Pour cette raison, l'étude de ce comportement devrait permettre de mettre en évidence les principaux moyens biologiques qui ont été sélectionnés par l'évolution pour réaliser et contrôler les différents comportements fondamentaux de l'être humain. À l'issue de l'analyse des données disponibles, il semblerait que les principaux facteurs biologiques innés (inhibition saisonnière par la mélatonine, hormones sexuelles, phéromones sexuelles, renforcements, lordose, érection, poussées pelviennes, réflexe éjaculatoire, libération de l'ovule lors du coït ), à l'origine du comportement de reproduction des mammifères inférieurs, aient été modifiés au cours de l'évolution. Les facteurs hormonaux et phéromonaux seraient devenus marginaux tandis que les processus de renforcement et les facteurs émotionnels et cognitifs seraient devenus prépondérants. Apparemment, ce sont toujours les mêmes facteurs qui seraient à l'origine de la reproduction chez tous les mammifères, mais, comme l'importance relative de ces facteurs change au cours de l'évolution, la dynamique comportementale serait différente. En conséquence, chez l'Homme, l'innéité du comportement de reproduction aurait été perdue, et ce serait les processus de renforcement, associés aux zones érogènes, qui seraient devenus les principaux facteurs à l'origine de l'apprentissage d'un comportement permettant la reproduction. Ces données nous ont amenés à formuler l'hypothèse que c'est principalement l'intense érogénéité de la zone génitale (pénis/clitoris, vagin) qui provoquerait la découverte puis la répétition de différentes séquences motrices de stimulation des organes génitaux, dont la séquence du coït vaginal. Pour des raisons éthiques, il n'a pas été effectué d'expérimentations neurobiologiques sur l'Homme. L'hypothèse a été testée au moyen d'un questionnaire, en utilisant la sensation consciente de plaisir érotique comme un indicateur de l'activité des processus de renforcement. Le questionnaire a été conçu de manière à pouvoir évaluer le rôle et l'importance du plaisir érotique – et donc indirectement des renforcements – dans l'apprentissage des activités de stimulation du corps et des zones érogènes, dont tout particulièrement l'activité du coït vaginal. L'enquête a été réalisée sur Internet au cours de l'année 2006 et 749 personnes ont complété le questionnaire. L'analyse des résultats indique, principalement, que : 1) le plaisir érotique procuré par la stimulation par un partenaire des organes génitaux serait le plaisir le plus intense que l'organisme humain peut ressentir ; 2) les principales activités sexuelles s'organisent autour des zones les plus érogènes du corps, ce qui suggère que le plaisir érotique (et donc indirectement les renforcements) serait à l'origine de l'activité sexuelle ; 3) le coït vaginal, pourtant essentiel à la reproduction de l'espèce, n'est qu'une activité préférée parmi d'autres ; 4) les facteurs qui motivent les personnes a réaliser des activités sexuelles avec des partenaires seraient pour les deux tiers le plaisir somatosensoriel procuré par les différentes formes de stimulation du corps (contact corporel, étreintes, chatouilles, caresses sensuelles, stimulations érotiques ), et pour un tiers des facteurs de type émotionnel (tendresse, complicité, curiosité ) ; et, 5) il n'existe quasiment pas de différences significatives entre les réponses des femmes et des hommes, ce qui suggère l'existence d'une organisation neurobiologique des réactions sexuelles indépendante du genre de l'organisme. En conclusion générale de l'analyse des résultats de l'enquête et de l'ensemble des données actuellement disponibles, il semblerait, dans l'espèce humaine, qu'il n'existerait plus de comportement de reproduction inné, mais, dû aux relations spécifiques et prépondérantes entre les processus de renforcement et les zones érogènes, il apparaîtrait un nouveau comportement dont le but est la stimulation du corps. Ce comportement, qui pourrait être qualifié d'érotique, induirait, indirectement, l'acquisition de la séquence cruciale du coït vaginal. Ainsi, la reproduction, pourtant fondamentale à la survie de l'espèce, ne serait paradoxalement chez l'Homme qu'une conséquence presque fortuite de la recherche des plaisirs physiques. La généralisation des résultats de cette étude à l'ensemble des comportements humains suggère qu'il n'existerait pas d' "instincts" ou de "programmations" innés des comportements, mais plutôt tout un ensemble de processus neurobiologiques, innés mais élémentaires, à l'origine uniquement de tendances globales et approximatives, qui, au cours du développement et de l'interaction avec l'environnement, permettraient l'apprentissage par essais et erreurs de comportements relativement adaptés et appropriés à la survie de l'individu et de l'espèce.

Identiferoai:union.ndltd.org:CCSD/oai:tel.archives-ouvertes.fr:tel-00447422
Date21 November 2007
CreatorsWunsch, Serge
PublisherEcole pratique des hautes études - EPHE PARIS
Source SetsCCSD theses-EN-ligne, France
LanguageFrench
Detected LanguageFrench
TypePhD thesis

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