Cette thèse questionne et relativise la notion de « langue en danger » à partir de l'étude des représentations sociales d’acteurs institutionnels et scientifiques au travers de l’histoire et de locuteurs d’une langue dite « en danger ». La notion de « langue en danger » est appréhendée par des acteurs institutionnels et scientifiques au travers de représentations de la langue comme entité autonome et organique, relié à ses essences. Ces représentations puisent leurs origines dans la période coloniale. En examinant l’histoire d’une ancienne colonie britannique, l’Inde, nous montrons que de telles représentations se sont déployées dans et par des pratiques coloniales visant au maintien de l’ordre social. Il en va de même de certaines pratiques postcoloniales qui s’appuient de plus en plus sur la langue comme moyen nécessaire à l’identification des minorités et commencent à s’articuler autour de la dénommée « langue en danger ». Nous avons mené une enquête auprès de locuteurs d’une langue dite « en danger » pour savoir s’ils la considéraient également comme telle. Nous avons abordé leurs points de vue au travers du concept de représentation sociale et ce afin d'appréhender la manière dont ces mêmes locuteurs comprennent et co-construisent leur réalité sociale. Suite à l’annotation d’entretiens bilingues, nous avons analysé via l’Analyse Conversationnelle la manière dont les représentations émergent dans et par les pratiques interactionnelles. Nos analyses démontrent un écart entre les représentations des locuteurs et celles construites par l’enquêtrice et l’interprète, ces dernières étant plus proches des représentations déployées dans des travaux sur les langues en danger. / This thesis questions and relativizes the notion of “endangered language” based on a study of the social representations of institutional and scientific actors throughout history and of speakers of a so-called “endangered language” today. The notion of “endangered language” is constructed through representations through which institutional and scientific actors construct language as an autonomous and organic whole linked to its essences. These representations originate in the colonial period. By examining a former British colony, India, we show that such representations were used in and by colonial practices to maintain the social order. This is also the case for certain postcolonial practices in India which are increasingly based on language as a necessary means to identify minorities and are beginning to be articulated in terms of “endangered languages”. We conducted a study with speakers of a so-called “endangered language,” to see if they considered it as such. We examined their points of view through the concept of “social representation” in order to grasp how these actors understand and co-construct their reality within interactions. After annotating bilingual interviews conducted via an interpreter, we analyzed the way in which representations emerge in and through interactional practices using an approach inspired by Conversation Analysis. Our analyses show a discrepancy between speakers’ representations and those constructed by the investigator and the interpreter, the latter more similar to representations constructed in scientific and institutional work on endangered languages.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2014AIXM3093 |
Date | 12 December 2014 |
Creators | Reid-Collins, Oriana |
Contributors | Aix-Marseille, Calvet, Louis-Jean |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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