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Sous la cloche de verre : analyse des métaphores récurrentes de textes féminins de l’internement

Cette thèse est une réflexion concernant les particularités du langage, principalement de l’utilisation de la métaphore, dans les textes d’écrivaines ayant été internées. Mon analyse considère les œuvres de Janet Frame, Sylvia Plath, Unica Zürn, Emma Santos et Susanna Kaysen, ainsi que d’autres textes étant mentionnés dans une moindre mesure. Le fait d’avoir vécu une expérience de vie extrême, physique et psychique, a des répercussions sur l’esprit et la perception de soi, leurs représentations textuelles, ainsi que le rapport à l’écrit et à la littérature. Des figures subies ou choisies se répètent dans ces textes. Elles renseignent sur ce que ces femmes ont vécu, comment elles ont été affectées et la littérature. Cette thèse est divisée en cinq idées principales concernant les liens entre la folie, l’écriture et les femmes internées correspondant à la division des chapitres. Le premier porte sur la figure de la cloche de verre et ses variations chez diverses écrivaines. Il s’agit d’une métaphore puissante, efficace pour traduire l’état d’esprit de l’internée qui permet d’expliciter l’importance et le fonctionnement de la métaphore, son rôle dans l’écriture et la pensée. Le deuxième traite des métaphores spatiales et des lieux de pensée présents dans ces textes. Il est un examen de comment, alors que l’esprit devient de plus en plus fragile et l’image du corps incertaine en raison des traitements et des conditions de vie imposées, apparaît la nécessité d’un lieu, figuré ou réel, d’où écrire et de comment ce lieu est en relation avec le langage et la structuration de l’écrit et de la pensée. Le troisième porte sur la notion d’abjection. Ces femmes sont considérées, traitées, se perçoivent et vivent comme des animaux, des excréments ou des déchets. Il est une décortication de la représentation de l’effritement des limites de la subjectivité lors de l’internement. J’y explique à quel point l’hôpital pousse la personne vers la saleté et l’animalité plutôt que vers la guérison, ainsi que les conséquences pour la perception de soi que le fait d’être placé hors du social entraîne. Le quatrième concerne la notion d’objet et les processus qui font qu’à force d’être réifiées les narratrices des textes se perçoivent comme des objets plutôt que des personnes. Le rapport que l’esprit entretient avec les objets et l’importance qu’ils ont pour son fonctionnement y sont examinés. Le cinquième traite enfin des réflexions sur l’utilisation du langage, que ces écrivaines ont réalisées, sur les mots et procédés qu’elles emploient pour les communiquer ainsi que sur l’importance du corps féminin et de la conception de la féminité dans la production des textes et des idées qu’ils portent. J’en arrive à établir à quel point, pour ces écrivaines, la vie dépend du littéraire. Ma thèse démontre comment la littérature leur a fourni un espace d’analyse et de structure de leur personne et de leur pensée, ainsi qu’un lieu de parole émergeant de l’utilisation du langage et des interactions entre l’esprit, les mots et le monde. / This thesis reflects on the particularities of the use of language, especially in terms of recurring metaphors, in the texts of women writers who spent a part of their life in a psychiatric hospital. I question the texts of Janet Frame, Sylvia Plath, Unica Zürn, Emma Santos and Susanna Kaysen. Some other women writers are also examined, to a lesser extent. It shows that the fact of having lived an experience, which I would qualify as physically and psychologically extreme living conditions, affects these writers’ mind, the self-perception and their textual representations. It also shows how one’s relation to writing and literature is changed by this situation. Undergone, imposed, selected or created metaphors are born, are shown or repeated in those texts. They detail both how these women lived and processed the effects associated to this life, as well as how their writing of these experiences reflects general aspects of literary discourse. This thesis is divided into five main ideas concerning the singular relationship that bonds madness, writing and the experience of living in a psychiatric ward. In the first chapter, I analyze the bell jar figure and its variations according to different writers. This strong metaphor, which is incredibly efficient to translate the internee’s state of mind, helps me explain the functioning of metaphor and the crucial role it plays in the writing and human thought. The second chapter looks at spatial metaphors and spatial representations of the mind. It shows how, while the self and its corporal images are becoming more fragile because of the imposed treatments and living conditions, there appears the necessity of a real or figurative space from which to write. This space is in relation with writing, but also with the mere possibility of human thought. The third chapter builds on the notion of abjection. These women were considered and treated as animals, excrements or waste, and they came to see themselves as such. I analyze those representations and also how they figure the dissolution of the limits to one’s subjectivity that occurs during the internment. The fourth chapter draws on the object notion and the reification of human existence, through processes of subjective reification, which lead the narrators to perceive themselves as objects rather than people. I also examine the relation we can posit between the mind, the objects it chooses to consider, and how they affect the mind’s reflexive operations. The fifth chapter reflects on the use of language, according to the theories developed by these women writers. It also looks at the importance of the female body and femininity in the production of the texts and the ideas fostered by these concepts. My thesis demonstrates how literature gave them a space to analyze and structure both their self and thought. For these women, literature was also a place to speak from. This possibility emerges from the use of language and from the interactions between the mind, language and the world.

Identiferoai:union.ndltd.org:umontreal.ca/oai:papyrus.bib.umontreal.ca:1866/7024
Date07 1900
CreatorsCharron-Cabana, Marie-Hélène
ContributorsCochran, Terry
Source SetsUniversité de Montréal
LanguageFrench
Detected LanguageFrench
TypeThèse ou Mémoire numérique / Electronic Thesis or Dissertation

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