Cette recherche a pour objet le lien conceptuel entre participation politique et lien social dans la théorie politique de Rousseau. Elle présente une réinterprétation de la volonté générale, considérée comme un concept descriptif avant d’être normatif, affectif avant d’être rationnel,attribuée aux membres du collectif avant de l’être à celui-ci. L’activité de la volonté générale mesure l’attachement des citoyens aux lois, dans la mesure où ils y voient le moyen de promouvoir leur propre intérêt, compte tenu du fait de la socialisation. La volonté générale des citoyens ne saurait toutefois se maintenir sans que ces derniers soient régulièrement amenés à contrôler les termes de leur association et à vérifier leur effectivité dans le cadre d’institutions spécifiques. L’exigence exorbitante de souveraineté populaire, identifiée à l’exercice direct du pouvoir législatif, est manifestement attenante à l’idéal de socialité juridique que Rousseau place au coeur de sa théorie politique. Cet idéal trouve une incarnation contrefactuelle dans les pratiques et demandes de la bourgeoisie de Genève, en particulier durant le premier tiers du XVIIIe siècle, auxquelles le Contrat Social donne un fondement théorique ex post facto. Plutôt que d’abstraire le Contrat Social de son contexte, croyant ainsi en étendre la portée, c’est de l’intérieur de celui-ci que s’éclaire son universalité. Nous montrons, en dialogue critique avec les philosophies de Rawls et de Habermas, qu’il soutient l’exigence d’une démocratie délibérative radicale. / This research focuses on the link between political participation and social bonds in Rousseau's political theory. We present a new interpretation of the concept of general will as relevant to individuals rather than the collective, focusing on its descriptive and emotionalrather than normative and rational dimensions. General will measures citizens' attachment to laws in so far as they see them as a means of promoting their own best interests as social beings.However, the general will of citizens could not be maintained if they did not regularly reassess the terms of their association and verify their effectiveness within specific institutions. The exorbitant demand for popular sovereignty, which is the direct exercise of legislative power, is rooted in the ideal of legal sociality at the heart of Rousseau’s political theory. This ideal finds counterfactual embodiment in the practices and demands of the Geneva bourgeoisie, to which the Social Contract gives a theoretical foundation ex post facto, especially during the first third of the eighteenth century. Rather than abstracting the Social Contract from its context in the hope of extending its scope, we argue that, paradoxically, its universality lies in this particular context. Through a dialogue with the theories of Rawls and Habermas, we show that the Social Contract supports the demand for a radical deliberative democracy.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2018LYSEN032 |
Date | 21 September 2018 |
Creators | Pénigaud de Mourgues, Théophile |
Contributors | Lyon, Senellart, Michel |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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