Cette thèse porte sur le rôle du raisonnement fondé sur des croyances religieuses dans la discussion politique, et plus précisément sur la compatibilité des arguments religieux publics avec les postulats libéraux et démocratiques concernant la justification de décisions politiques, c’est-à-dire prises au nom de l’État. La justification publique est gage de légitimité en démocratie libérale : mais dans quelles conditions une décision est-elle publiquement justifiée ? Tous les arguments sont-ils valables ? Les arguments religieux sont souvent considérés avec méfiance : ils sont particuliers, ne sont convaincants que pour certains citoyens et sont rejetés par d’autres. Il semblerait donc injuste, pour ceux qui ne partagent pas ces croyances religieuses, de les utiliser pour justifier des décisions politiques. La même chose, cependant, vaut pour de nombreux autres arguments, non religieux, comme les arguments utilitaristes et les arguments libéraux eux-mêmes. L’objectif de la thèse est d’examiner différentes stratégies visant à justifier l’exclusion de certains arguments, puis de proposer un nouveau modèle de discussion politique. La thèse défendue est que les arguments absolutistes, c’est-à-dire les arguments fondés sur la reconnaissance de l’existence d’une source extra-sociale de validité normative, ne respectent pas les exigences de la justification publique et doivent donc être exclus de la discussion politique. Mais la distinction entre arguments absolutistes et non absolutistes ne recoupe pas celle entre arguments religieux et séculiers : on ne peut donc pas dire que tous les arguments religieux doivent être exclus, ni qu’ils peuvent toujours être inclus. / This dissertation focuses on the role of faith-based reasoning in political discussion, and more specifically on the compatibility of public religious arguments with liberal and democratic premises regarding the justification of political decisions, i.e. decisions made in the name of the state. Public justification is a requirement of legitimacy in liberal democracy: but under which conditions is a decision publicly justified? Are all arguments valid? Religious arguments are often considered with suspicion: they are particular, therefore convincing for only some citizens and rejected by others. It seems unfair, for those who do not share religious beliefs, to use these arguments to justify political decisions. The same objection, however, is also true for many other non-religious arguments, like utilitarian arguments or liberal arguments themselves.The purpose of the dissertation is to examine different strategies aiming to justify the exclusion of certain arguments, and then to offer a new model of political discussion. The claim defended is that absolutist arguments, meaning arguments that are based on the recognition of the existence of an extra-social source of normative validity, do not respect the requirements of public justification and consequently should be excluded from political discussion. The distinction between absolutist and non-absolutist arguments does not overlap with the distinction between religious and secular arguments: it thus cannot be argued that all religious arguments should always be excluded, or that they could always be included.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2014IEPP0011 |
Date | 28 March 2014 |
Creators | Bardon, Aurélia |
Contributors | Paris, Institut d'études politiques, Columbia university (New York), Donegani, Jean-Marie, Cohen, Jean L. |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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