Les programmes de français du secondaire, qui invitent à pratiquer la lecture de l’image en lien avec la lecture analytique du texte littéraire, nous semblent reposer sur le double présupposé, que nous interrogeons, de l’identité des deux exercices et de l’immédiateté d’une pédagogie de détour. Nous empruntons à la sociologie de l’éducation (registres de l’apprentissage, malentendus sociocognitifs), à la didactique (articulation compréhension/interprétation, sujet-lecteur, conscience disciplinaire), et à l’histoire de l’art (sémiologie, iconographie). Nous nous appuyons sur une enquête réalisée auprès d’une centaine d’enseignants, sur un corpus de 350 commentaires rédigés par des élèves de troisième et de seconde, et sur des entretiens post-passation.Les enseignants attendent des élèves qu’ils conçoivent une interprétation polysémique, appuyée sur une analyse fine de l’œuvre, notamment formelle, et sur des savoirs culturels diversifiés ; ils constatent une facilitation par la peinture, que notre analyse des productions des élèves confirme : si les exigences culturelles posent davantage de difficultés, les opérations cognitives y sont mieux réussies, l’engagement subjectif et la conception de l’objet plus compatibles avec les normes lettrées. Cet écart en faveur de la peinture se creuse dans les collèges défavorisés. Nous expliquons ces différences par les spécificités sémiologiques des deux arts mais aussi par des malentendus sociocognitifs, plus profonds sur la littérature. De sorte que la possibilité d’un retour, au profit de la littérature, des apprentissages réalisés lors du détour par la peinture, est selon nous conditionnée à un cadrage spécifique. / French secondary school curricula, which encourage linking “image reading” with analytical reading of literary texts, seem to be based on two main presuppositions. This paper questions the identity of the two exercises and the relevance of a pedagogical detour teaching strategy. The thesis borrows concepts from the sociology of education (learning registers and socio-cognitive misunderstandings), didactics (links between understanding and interpretation, subject-reader and subject perception) as well as the history of art (semiotics and iconography). This paper is based on a corpus of 350 comments written by pupils aged 14 to 16 and retrospective interviews gathered from a study of 100 teachers,.Teachers expected pupils to create a polysemic interpretation based on diverse cultural knowledge and a close, formal analysis of the work in question. Teachers noted that the use of paintings helped this process, something which was also confirmed by our analysis of the work of pupils. This suggests that, whilst the cultural requirements of painting analysis are more complex, the cognitive processes and subjective engagement of students were better when using this technique and their understanding was more appropriate according to literary norms. This preference for paintings over text was accentuated in disadvantaged schools. This paper explains these differences through the semiological specificities of the two art forms but also through socio-cognitive misunderstandings, more present in literature analysis. This paper concludes that the study of literature in conjunction with the study of painting is part of a specific, pedagogical detour framework.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2015PA080021 |
Date | 12 June 2015 |
Creators | Claude, Marie-Sylvie |
Contributors | Paris 8, Rayou, Patrick |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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