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Sociologie d'un groupement politique illégitime. Le mouvement Samoobrona (Autodéfense) en Pologne (1991-2010)

L'objet de notre recherche est de saisir les modalités de la genèse, de l'ascension puis de la marginalisation du mouvement Samoobrona (Autodéfense) dans les jeux politiques polonais dits « post-communistes ». Créé en 1992 par un groupement d'exploitants agricoles surendettés et réunissant sous un label commun deux organisations juridiquement distinctes, un syndicat agricole et un parti politique, le mouvement Samoobrona se fait connaître au cours des années 1990 par le « radicalisme » de ses membres lors des manifestations paysannes qui secouent alors la Pologne. Il s'impose au début des années 2000 comme un acteur central du champ politique polonais, réunissant alors plus de 10% des voix aux différentes élections et accédant même un temps au gouvernement, avant d'être à nouveau marginalisé depuis les élections parlementaires anticipées de 2007. En rupture avec les lectures exceptionnalisantes en termes de « populisme » qui en sont communément données, nous montrons dans cette recherche que l'étude de la trajectoire du mouvement Samoobrona gagne à être resituée dans les cadres ordinaires des sciences sociales du politique. En interrogeant les conditions de production d'un groupement politique dans un contexte de redéfinition des règles de la compétition politique, on se donne les moyens de penser les « succès » et les « échecs » du mouvement Samoobrona comme les produits relativement improbables de processus heurtés et hésitants de définition et de légitimation d'une offre de représentation originale et mobilisatrice. Le dédoublement organisationnel du mouvement, à la fois syndicat et parti, permet aux acteurs lui donnant forme d'intervenir conjointement dans des espaces d'interaction variés.. En cela, il joue un rôle décisif dans leur reconnaissance au début de la décennie 2000 comme des participants incontournables de la compétition pour la définition et la représentation des intérêts sociaux ainsi que pour l'obtention de positions de pouvoir politique. Parallèlement, il les empêche cependant d'être perçus comme des acteurs légitimes du champ politique, d'institutionnaliser leur groupement et au final de perdurer dans le champ de la politique institutionnelle.

Identiferoai:union.ndltd.org:CCSD/oai:tel.archives-ouvertes.fr:tel-00544899
Date08 December 2010
CreatorsPellen, Cédric
PublisherUniversité Montesquieu - Bordeaux IV, Institut d'études politiques de Bordeaux
Source SetsCCSD theses-EN-ligne, France
LanguageFrench
Detected LanguageFrench
TypePhD thesis

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