Nous ignorons ce qu’est l’Afrique, d’une ignorance qui a eu et continue d’avoir des conséquences insoutenables pour les Africain-e-s. Pour contribuer à y remédier, nous entreprenons de poser la question « Qu’est-ce que l’Afrique ? » comme une question philosophique et, pour y répondre, d’élaborer un concept d’Afrique. L’étude de l’histoire de l’Afrique, de la fin du XVe siècle aux indépendances, fait apparaître la productivité unificatrice et libératrice de la négation africaine de la négation coloniale de ce qui, de ce fait, devenait l’Afrique. Ce que nous proposons d’appeler « la négativité africaine » se caractérise par la contingence de son commencement, la relative circonscription de ses périodes et de ses espaces, l’hétérogénéité de ses processus. Sa connaissance requiert ainsi un concept singulier et empirique d’Afrique, dont l’ancrage dans le réel dépend d’un agencement épistémologique cohérent des différentes sciences humaines pour l’analyse, dans tous les domaines possibles (politique, droit, économie, art, etc.), des dispositifs de la domination de l’Afrique. La connaissance des modes d’accomplissement de la négativité africaine requiert aussi de la considérer dans l’horizon du monde. L’inadéquation entre le concept de monde (qui suppose son unité) et sa réalité (sa division, révélée par l’asymétrie des frontières) permet à la fois d’affirmer son inexistence et d’étudier l’intensité de sa scission en Afrique.Posant ainsi le problème philosophique de l’Afrique comme celui de l’inexistence du monde, nous élaborons son concept comme celui de l’u-topie de l’existence du monde, et nous soutenons la nécessité et la liaison des unifications politiques de l’Afrique et du monde. / We do not know what Africa is, and that ignorance has long had and still has unbearable consequences for African men and women. To bring a healing contribution to that, we undertake to raise the question: what is Africa? as a philosophical question and, in order to answer it, to put together a concept of Africa.Studying the history of Africa, from the end of the 15th century to the independencies, brings out the unifying and liberating productivity of the African negation of the colonial negation of what, thereby, became Africa. What we suggest to call “African negativity” is characterized by its contingent beginning, the relative circumscription of its periods and spaces, the heterogeneous nature of its processes. Its knowledge requires a singular empirical concept of Africa, whose rooting in reality depends on a coherent epistemological organizing of various human sciences in order to analyse, in all possible fields (politics, law, economics, art, and so on), the “dispositifs” of domination of Africa.The knowledge of the ways in which African negativity reaches completion also requires to take into consideration its worldwide dimension. The inadequacy between the concept of world (implying its unity) and its reality (its division, revealed by its asymmetrical frontiers) makes it possible at the same time to assert its inexistence and to fathom the intensity of its splitting apart in Africa.Thus raising the philosophical problem of Africa as that of the inexistence of the world, we further develop its concept as that of the u-topia of the existence of the world, and we maintain the need and radical interdependence of political unifying processes of Africa and the world.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2015PA040115 |
Date | 30 November 2015 |
Creators | Abdelmadjid, Salim |
Contributors | Paris 4, Crépon, Marc |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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