L’évocation de la Renaissance italienne des XVe et XVIe siècles est souvent synonyme de la propagation d’une nouvelle pensée de l’homme, exaltant les valeurs oubliées de l’excellence et de la liberté humaines. Chez un philosophe comme Giordano Bruno (1548-1600), la question de la liberté ne se présente pas aussi facilement que chez d’autres grands auteurs des Quattrocento et Cinquecento (tel Marsile Ficin ou Pic de la Mirandole). Sa défiance héroïque envers l’autorité ecclésiastique et son exécution par l’Inquisition, le 17 février 1600, sur le campo dei Fiori, illustrent sa longue lutte pour libérer la philosophie des entraves de la religion révélée. Bruno peut se targuer d’être l’un des premiers penseurs depuis l’Antiquité à intégrer une cosmologie, une physique, une psychologie et une éthique dans un système de philosophie (la nova filosofia). Malgré une terminologie parfois fluctuante et des contradictions souvent apparentes, la philosophie de Bruno possède une réelle cohérence interne et peut être regardée comme annonçant celle de Spinoza. Or à la différence du déterminisme de ce dernier, Bruno soutient que l’homme est doté d’un libre arbitre, s’opposant en cela aux thèses de Luther et abondant dans le sens d’Erasme. Son affirmation d’une liberté humaine intimement liée aux problèmes éthiques et religieux de son époque n’est toutefois pas sans provoquer certaines tensions au regard de sa conception métaphysique d’un univers infini en acte. L’objet de ce travail est d’analyser la thèse brunienne de la compossibilité de la liberté humaine avec la nécessité divine qui s’exprime dans un univers métamorphique et infini, en recherchant, dans une première partie, les sources de son compatibilisme et en interprétant, dans une seconde partie, la manière dont Bruno concilie liberté et nécessité. / The evocation of the Italian Renaissance of the fifteenth and sixteenth centuries is often synonymous with the spread of a new human thought, exalting the forgotten values of human excellence and freedom. For a philosopher like Giordano Bruno (1548-1600), the problem of freedom does not arise as easily as it does for other great authors of Quattrocento and Cinquecento (such as Marsilio Ficino or Pico della Mirandola). His heroic defiance of ecclesiastical authority and his execution by the Inquisition on 17 February 1600 onto the Campo de’ Fiori, exemplifies his long struggle to free philosophy from the trammels of revealed religion. Bruno can claim to be the first thinker since Antiquity to integrate a cosmology, physics, ethics and psychology into a system of philosophy (nova filosofia). Despite sometimes inconsistent terminology and often apparent contradictions, Bruno’s philosophy has a real inner coherence and can be seen as announcing Spinoza’s. However, unlike the latter’s determinism, Bruno maintains that human being is endowed with a free will, opposing Luther’s theses and agreeing with Erasmus. Nonetheless, his affirmation of human freedom, intimately linked to the ethical and religious problems of his time, is not without causing tensions with regard to his metaphysical conception of the actual infinity in the universe. The purpose of this work is to analyse the brunian thesis of the compossibility of human freedom with the divine necessity expressed in a metamorphic and infinite universe, by seeking, in a first part, the sources of its compatibility and by interpreting, in a second part, the way in which Bruno reconciles liberty and necessity.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2019TOUR2004 |
Date | 12 June 2019 |
Creators | Peigné, Jérôme |
Contributors | Tours, Biard, Joël |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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