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Séparation et appartenance dans l'oeuvre de Henry Green / Separation and Sense of Belonging in the Writings of Henry Green

Dans l’univers fictionnel, à la fois sombre et comique, de Henry Green, les personnages sont isolés, coupés des autres et d’eux-mêmes, enfermés dans leur propre corps et leur conscience, mais aspirent malgré tout à fonder une famille et appartenir à une communauté. De son côté, la communauté existe essentiellement sous forme de fantasme ou dans les discours publics, mais son pouvoir normatif n’en reste pas moins dangereux, car le groupe détruit l’individualité et exige que l’on se conforme à ses règles, que l’on adopte ses valeurs et que l’on accomplisse ses rituels dépourvus, chez Green, de sens. Pendant la Deuxième guerre mondiale, moment où Green écrit ses romans les plus aboutis, l’impératif d’appartenir à une communauté nationale réduit au silence les voix personnelles et substitue à l’expérience privée un récit collectif issu des presses de la propagande. Entrer dans l’histoire revient à se renier en tant qu’individu, à se taire : la destruction de l’intimité, le silence, l’oubli menacent les personnages greeniens. Le conflit entre une volonté de s’affirmer en tant qu’individu et un désir de se fondre dans la masse se reflète dans l’esthétique atypique de Green, qui se nourrit des topoi littéraires de son époque tout en se démarquant du traitement qu’en font ses contemporains. L’écriture se fait intertextuelle, plurielle, idiosyncratique, alors que le romancier mêle accents régionaux et langue archaïque, emprunte des idiomes à des langues vernaculaires et littéraires, divisée et fragmentée, lorsqu’il décrit les effets de la guerre sur la psyché. / In the dark and comical fictional world of Henry Green, the characters are isolated, cut off from themselves and from others, locked into their own body and mind, but they nevertheless yearn to build a family and to belong to a community. As far as communities are concerned, they exist solely in the characters’ fantasms or in public discourses, but their normative power remains dangerous: groups destroy individuality and demand that members conform to collective rules and adopt the same values. They require that one participate in rituals that are, in Green’s novels, deprived of any meaning. During the Second World War, when Green writes his best novels, belonging to a national community becomes compulsory. This silences personal voices and substitutes a collective narration written by British propaganda to private experience. Entering history means that individuals should not contradict the official version and have to deny themselves: the destruction of intimacy, silence and forgetting therefore threaten Green’s characters. The conflict between a will to establish oneself as an individual and the desire to melt into masses is reflected in Green’s atypical esthetic, which feeds on literary commonplaces of the times while setting itself apart from the meanings normally attached to them. The writing is characterized by intertextuality. It is plural, idiosyncratic, as the author mingles regional accents and an archaic speech, and borrows idioms from vernacular and literary languages, divided and fragmented, when he records the effects of the war on the psyche.

Identiferoai:union.ndltd.org:theses.fr/2011PA030167
Date03 December 2011
CreatorsBlayac, Ariane
ContributorsParis 3, Topia, André
Source SetsDépôt national des thèses électroniques françaises
LanguageFrench
Detected LanguageFrench
TypeElectronic Thesis or Dissertation, Text

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