Le XVIIIème siècle consacra en France la disjonction idéologique, intellectuelle et spirituelle entre la raison critique et empirique du philosophe et l’anthropologie chrétienne des défenseurs de l’orthodoxie. Toutefois, l’intuition et l’intention d’un syncrétisme humaniste aspirant à voir collaborer l’intelligence scientifique et l’intelligence de la foi survécut à la Renaissance et au Grand siècle pour soutenir la réflexion de littérateurs catholiques reconnus, les abbés Morellet, Coyer, Yvon, Bergier et Raynal. Ces théoriciens de la médiation incarnaient une frange modérée de l’apologétique catholique, une apologétique de la conciliation qui soulève maintes interrogations quant à sa nature et sa portée : parvint-elle à arrimer les valeurs chrétiennes aux idées forces des Lumières rationnelles, proposa-t-elle une voie médiane entre les partis antagonistes des « philosophes » et des « dévots » ? L’exploration analytique et la mise en perspective comparative des termes de l’alliance de la raison et de la foi révèlent une conciliation plurielle ; véritable nébuleuse idéologique élevée sur l’humanisme théologique du molinisme jésuite, elle se confronte à des difficultés externes d’ordre conjoncturel, partisanes notamment, se heurte aux antagonismes de la certitude du christianisme et du doute méthodique, se soumet aux exigences de la dualité de la « raison » - philosophique et scientifique -, mais subit également les retombées de ses propres ambiguïtés et carences conceptuelles. In fine, l’enjeu de ces ambitions syncrétiques ne repose plus tant sur le diptyque foi-raison que que sur les interactions entre le sentiment de foi, la nature et la science. / The XVIIIth century, in France, sanctioned the ideological, intellectual and spiritual separation between the critical and empirical reason of the philosopher and the christian anthropology of the orthodoxy partisans. However, intuition and intent of a humanist syncretism aiming at the collaboration of both scientific and faith intelligence lived through Renaissance and XVIIIth century, to maintain the thought of famous Catholic litterateurs, abbots Morellet, Coyer, Yvon, Bergier and Raynal. Those mediation theoreticians personified a moderated minority of catholic apologetics, an apologetic of conciliation calling to mind about its nature and its significance: did it manage to tie up the christian values to the strong ideas related to the rational Enlightenment; did it offer a medial path between the antagonistic parties of the “philosophers” and the “devout persons”? A pluralist conciliation can be revealed by analytical exploration and by putting into perspective comparatively the terms of the union between reason and faith. Deemed as a true ideological nebula rose on the theological humanism of Jesuit molinism, this conciliation was constrained by cyclical external difficulties, was torn apart between Christianity certainty and methodical doubt, was faced to the requirements of the duality of the philosophical and scientific “reason”, but was also submitted to the consequences of its own ambiguities and conceptual lacks. In fine, the stake of these syncretic ambitions lied less on the faith-reason diptych than on the harmonization of the feeling of faith, nature and science.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2014NICE2004 |
Date | 23 January 2014 |
Creators | Brun, Emmanuelle |
Contributors | Nice, Beaurepaire, Pierre-Yves |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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