Jean Sénac, poète algérien du XXème siècle, est avant tout connu pour son engagement en faveur de l’indépendance algérienne. Ses poèmes dénoncent l’autoritarisme colonial comme ils révèlent la violence morale et sociale qui accompagne la mise en place du nouveau régime politique de Houari Boumedienne succédant à celui, plus en adéquation avec les attentes du poète, d’Ahmed Ben Bella. Mais ce serait amputer l’oeuvre poétique sénacquienne d’une grande richesse thématique et stylistique que de la résumer à quelques uns de ses plus grands recueils « politiques ». Car, derrière la voix d’un homme engagé dans le combat sociopolitique de son pays s’entend celle d’un artiste qui s’interroge, dès ses premiers écrits, sur les fondements de son existence, sur la réalisation du sujet en tant qu’homme, mais aussi en tant que poète, et sur les possibilités ontologiques et littéraires d’y parvenir. Une parole lyrique fonde et / ou transcrit alors la quête existentielle en même temps qu’elle interroge sa légitimité et l’espace de son déploiement. La problématique de l’interdépendance entre voeu d’unité ontologique et pluralité des modalités d’énonciation permet d’appréhender le polymorphisme stylistique et thématique de cette oeuvre singulière, polymorphisme au service d’un cheminement ontologique étroitement nourri des révélations générées par l’écriture poétique. La première partie de ce travail a donc pour vocation de mettre en lumière la corrélation réciproque entre l’expérience phénoménologique et sensitive du monde menée par le poète et celle de l’écriture, corrélation sur laquelle repose la prise de conscience réfrénée puis acceptée d’une diffraction du sujet. L’écriture poétique, espace de représentation et de construction de l’ego, renseigne le sujet lyrique sur la nature de sa disparité et devient le champ d’expérimentation d’un projet de réunification du corps et de l’esprit en lieu du poème ; ce que Jean Sénac nommera le « corpoème ». La seconde partie fait état d’un degré supérieur d’interrogation existentielle et analyse l’enjeu verbal et ontologique d’une substitution du poète à Dieu. Jean Sénac éprouve le besoin de se confronter à la divinité, référentiel d’un espace absolu, afin de mesurer la nécessité et les possibilités d’une incarnation définie selon ses propres concepts. L’écriture préfigure donc un « parcours de soi » inachevable en même temps qu’elle instaure les limites d’un espace de re-présentations où le poète appréhende la fragmentation du « moi » avant d’en faire un motif de justification d’un questionnement cyclique sur les conditions de son identité. Toutes les figures du sujet lyrique convergent alors dans cet espace d’agencement que représente l’oeuvre poétique, et leur rassemblement autorise le poète à profiler la voie /voix d’une réalisation singulière / The Algerian Twentieth Century poet Jean Senac is well known for his commitment for Independence of Algeria. His poems not only denounce colonial autoritarism but also reveal moral and social violences closely linked to Houari Boumedienne policy. Boumedienne follows Ahmed Ben Bella’s regime that Senac agrees with. But Senac’s work isn’t limited to a political poems collection. He is a true artist above all, who questions himself about the fondamental themes of literature. A lyrical word founds and transcribes existential quest and makes its legitimacy an interrogation. The main problem about interdependence between wish ontarienne unity and variety of terms allows the multiplicity of speech and themes in this singular work. The first part of the demonstration may put into relief a reciprocal relation between phenomenological and sensitive experience of world Senac follows. Poetic writing, scene of ego’s construction and representation, gives informations to lyrical subject about the reasons of its dissimilarities. It becomes as well the field of experimentation about a link between body and spirit, what Sénac calls the « corpoème ». The second part should reveal a higher step in existentiel questioning and should analyse the formal and ontological stake of Sénac’s substitution in God. Jean Senac needs a confrontation with divinity, the absolute place, in order to assess the necessity of a potential incarnation determined by his own concepts. The writing feels an unfinished « parcours de soi » (an unfinished self route) and establish the ends of representation space where the poet grasps the ego’s fragmentations. Every lyrical subjects figures converge in this field of layout what is poetic work. Their association allows the poet to open up the voice/the way of a singular realisation
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2008PEST0220 |
Date | 16 May 2008 |
Creators | Lafitte, Fanette |
Contributors | Paris Est, Alexandre-Bergues, Pascale |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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