Notre recherche interroge la philosophie existentielle du premier Sartre en la replaçant dans le paysage de la philosophie française post-comtienne du début du XXe siècle et en restituant un moment anthropologique où le problème de la magie traverse les sciences psychologiques et sociales. En suivant les différentes voies du transfert de conceptualité par lequel la notion de magie devient chez Sartre le magique, nous étudions trois pôles de l'ontologie phénoménologique sartrienne, à savoir la conscience intentionnelle, la réalité-humaine et l'être-dans-le-monde. Notre hypothèse est que, selon différentes modalités allant de la thématisation à l'effacement, le magique joue un rôle déterminant dans l'élaboration de l'existentialisme dont nous retraçons la genèse à partir des premiers travaux philosophiques et écrits littéraires de 1927. Face à l'héritage d'une anthropologie positiviste à la méthodologie analytique, Sartre privilégie une approche synthétique et conçoit la conscience dans ses dimensions affective et irrationnelle. Les figures de la pensée magique sont alors mobilisées pour penser l'ouverture au monde de la conscience ainsi que ses rapports à soi et aux autres dans les termes d'une spontanéité irréfléchie et absolue. Nous faisons ensuite retour sur l'anthropologie sartrienne telle qu'elle conçoit la réalité-humaine à partir de ses attitudes et de ses conduites, et notamment à travers la manière dont elle affronte sa propre liberté, fondamentalement et irrémédiablement exposée à la contradiction. Cette structure de la réalité-humaine comme projet existentiel conduit Sartre à repenser l'être-dans-le-monde à partir de ce que nous appelons la dépossession originaire par laquelle l'ontologie est ramenée au magique. / This research deals with Sartre's early existential philosophy by resituating it in the field of French post-Comtian philosophy in the early twentieth century and by re-establishing an anthropological moment in which the issue of magic is explored in the psychological and social sciences. Following the different paths of the conceptual exchange through which the notion of magic becomes that the magical in Sartre's view, we study three poles of sartrian phenomenological ontology : intentional consciousness, human reality and being-in-the-world. The hypothesis advanced by this thesis is that the magical, according to different modes ranging from topicalization through obliteration, plays a determining role in the elaboration of existentialism whose genesis is traced here from Sartre's very first writings in 1927.Faced with the legacy of a positivist anthropology in terms of an analytical methodology, Sartre privileges a synthetic approach and conceives consciousness in its affective and irrational aspects. Images of magical thought are called upon for rethinking openness to the world of consciousness and its relationship to itself and to Others. Returning to Sartrian anthropology, we question how consciousness can be grasped as an irreflexive and absolute spontaneity and how human reality is interpreted through its attitudes and behaviours; in particular through the way it faces its own freedom which is fundamentally and irremediably exposed to contradiction. This structure of human reality as existential project leads Sartre to reconsider being-in-the-world as based in originary dispossession through which ontology is brought back to the magical.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2016LIL30004 |
Date | 10 February 2016 |
Creators | Dassonneville, Gautier |
Contributors | Lille 3, Université de Liège. Département de philosophie, Sabot, Philippe, Cormann, Gregory |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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