Cette thèse prend pour objet la diffusion dans les grandes écoles et les universités de modules de sensibilisation et de formation à « l’entrepreneuriat » ou à l’ « esprit d’entreprendre » destinés aux étudiants. Articulant science politique, sociologie de l’éducation et sociologie économique, ce travail retrace la genèse d’un problème public, sa mise en politique publique, et sa traduction en curriculum pour produire des conduites économiques d’un type particulier. Basé sur une enquête combinant méthodes qualitatives (entretiens, observations, archives) et quantitatives (passage et traitement de questionnaires), cette recherche montre, d’une part, comment certains espaces de l’enseignement supérieur se transforment sous l’effet de l’appropriation de cette nouvelle mission éducative et, d’autre part, comment le projet d’éduquer à l’entreprise se voit à son tour transformé par sa mise en forme scolaire et académique. Par ailleurs, ce travail établit que, si l’acclimatation de l’entrepreneuriat dans l’enseignement supérieur est rendue possible par la variété des usages dont il fait l’objet dans cet espace, ceux-ci ne sont toutefois jamais en mesure de modifier radicalement la signification d’un projet d’ « éducation au libéralisme » dont le cadre sémantique s’est cristallisé de longue date. En proposant une sociologie historique et politique de l’éducation à l’entrepreneuriat, cette thèse entend renouveler la connaissance de l’enseignement supérieur de deux façons : d’abord, en en donnant à voir des espaces et des acteurs jusqu’ici mal connus ; ensuite, en étudiant conjointement des dimensions rarement appréhendées ensemble (politiques universitaires et contenus d’enseignement). Ce faisant, ce travail contribue à la compréhension des mécanismes sociaux de production, de circulation et de légitimation de croyances et de pratiques économiques propres au capitalisme contemporain. / This thesis analyzes the dissemination of training modules on « entrepreneurship » or « entrepreneurial spirit » to the students of the « grandes écoles » and universities in France. Located at the intersection of political science, sociology of education and economic sociology, this research traces the genesis of a public problem, policy-making surrounding it and its translation into a curriculum to produce specific economic behaviors.Based on a field survey combining qualitative methods (interviews, participatory observations, archival research) and quantitative methods (questionnaires), this thesis demonstrates how certain areas of higher education are transformed by the appropriation of this new educational mission, and how the project of entrepreneurship education is in turn transformed by its school and academic formatting. This thesis then highlights that if the various uses of entrepreneurship in higher education have made its acclimatization in this space possible, these uses, however, are never able to radically change the meaning of a project of « education to liberalism » whose semantic framework has crystallized for a long time. Proposing a historical and political sociology of entrepreneurship education, this research intends to renew the knowledge on higher education in two ways : first, it analyzes spaces and actors that are typically/historicallunderstudied ; second, it analyzes two dimensions rarely considered together (university policies and content). This thesis therefore contributes to understanding the social mechanisms of production, circulation and legitimization of economic beliefs and practices characteristic of contemporary capitalism.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2017EHES0076 |
Date | 30 June 2017 |
Creators | Chambard, Olivia |
Contributors | Paris, EHESS, Offerlé, Michel |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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