La variabilité des assemblages du Paléolithique inférieur dans l'ouest de l'Europe nourrit les débats actuels quant à leur relation avec les flux de populations, dans le contexte des changements environnementaux et paléogéographiques. Le faciès technique du Colombanien, localisé sur la façade atlantique bretonne, illustre cette variabilité. Selon la littérature, il diffère de l'Acheuléen, dominant dans les régions voisines, notamment par l'absence de bifaces. L'industrie du site de Menez-Dregan I (Plouhinec, Finistère) en constitue l'exemple dont le contexte géologique et paléoclimatique est le mieux documenté. Ce site a livré des traces de foyer qui sont parmi les plus anciennes d'Europe, ainsi qu'un abondant matériel, qui, dans les niveaux supérieurs, offre les prémices de la transition du Paléolithique inférieur vers le Paléolithique moyen. L'analyse des caractères techniques et typologiques des assemblages lithiques issus des couches 9 à 4 permettra de retracer l'évolution des stratégies d'approvisionnement et des comportements techniques et de replacer ce site dans le contexte régional et européen. La contemporanéité d’assemblages sans pièces bifaciales et à pièces bifaciales est attestée en Europe dès 700 ka. Si la plupart des sites européens présentent des assemblages à pièces bifaciales, les gisements à niveaux sans bifaces sont également assez nombreux. L’interstratification des niveaux à et sans pièces bifaciales sur certains sites est parfois interprétée comme le témoignage d’occupations liées à des activités spécialisées différentes, des matières premières différentes, ou des groupes humains aux traditions culturelles ou techniques différentes. De récentes publications de synthèse font état de la question : l’hypothèse de la coexistence de groupes humains aux traditions techniques différentes y est discutée, sur la base de modalités de débitage communes et d’utilisations similaires des territoires. Ainsi, seule la présence ou l’absence de bifaces tend à différencier ces occupations. Le travail engagé ici s’inscrit dans la lignée des études antérieures, mais a été entrepris dans le but de définir les systèmes techniques mis en œuvre au Paléolithique ancien dans l’ouest armoricain. Il permet ainsi de présenter des données nouvelles afin de caractériser les industries lithiques des sites dits « colombaniens ». Il ressort de notre étude que si le contexte paléogéographique et géologique ainsi que le type de gisement explique une certaine variabilité dans la composition des assemblages, cela n’explique pas les traditions techniques, et notamment la présence ou l’absence de pièces bifaciales ou de large cutting tools (LCTs). Si le type d’activité peut alors être mis en cause pour expliquer cette variabilité, une fréquentation répétée sur un même site, dans un contexte paléoenvironnemental globalement similaire, comme c’est le cas à Menez Dregan I indiquerait une visite régulière de groupes humains aux traditions techniques différentes, comme cela est aussi le cas sur d’autres gisements. Nous aboutissons ainsi à une révision du faciès Colombanien, qui s’avère être une variante régionale de l’Acheuléen. Ces résultats confrontés aux données paléoclimatiques et paléogéographiques contribuent à mieux comprendre la dynamique de peuplement de ce Finistère eurasiatique au Pléistocène moyen. / The variability in the Palaeolithic assemblages of western Europe feeds current debates about their relationship with population flows in a context of environmental and palaeogeographic changes. The technical Colombanian facies, located in the South Atlantic coast of Brittany, illustrates this variability. This facies differs from the Acheulean that is dominant in neighboring regions, especially in its lack of bifaces. The industry at the site of Menez-Dregan is an example where the geological and paleoclimatic context is the best documented in the region. Specifically, this site has yielded evidence of fireplaces that are among the oldest in Europe, and an abundance of lithic material, which, in the upper levels, evidences the beginning of the transition from the Lower Palaeolithic to the Middle Paleolithic. As for the analysis, the technical, typological and morpho-functional features of the lithic assemblages from layers 9 to 4 will trace the development of procurement strategies, techniques and behaviors to put this site into a regional and European context. The contemporaneity of assemblages with bifacial pieces and without bifacial pieces is attested in Europe from 700 ky. While most of the European sites display assemblages with handaxes, deposits without any bifacial components are quite numerous as well. On some sites, the interstratification of levels with bifacial pieces and without bifacial pieces is sometimes interpreted as a testimony of either specialized activities, different raw materials, or human groups with different cultural or technical traditions. Recent publications state the question: the hypothesis of a coexistence of human groups with different technical traditions is discussed, on the basis of similar modalities of debitage and similar use of landscape. Therefore, only the presence or absence of handaxes is left to differenciate these occupations. The work realised here joins in the lineage of the previous studies, but was undertaken with the aim of defining the technical systems operating during the Lower Palaeolithic in the western Armorican Massif. Therefore, it enables the presentation of new data in order to characterize the “Colombanian” lithic industries. It emerges from this study that if the palaeogeographical and geological context as well as the type of deposit explain a certain variability in the composition of the assemblages, it does not explain the technical traditions, especially the presence or absence of handaxes or large cutting tools. If the variability cannot be explained by activity alone then the repeated visits to a single site, given a globally similar palaeoenvironmental context as evidenced at Menez-Dregan I, likely indicates a regular occupancy by human groups with differing technical traditions. Therefore, we end up in a revision of the Colombanian facies, which turns out to be a regional variant of the European Acheulean. These results, when compared to paleoclimatic and palaeogeographic data, help develop a better understanding of the settlement dynamics of this region during Middle Pleistocene.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2017REN1S030 |
Date | 04 July 2017 |
Creators | Ravon, Anne-Lyse |
Contributors | Rennes 1, Marchand, Grégor, Gaillard, Claire |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
Page generated in 0.0033 seconds