L'œuvre de Louis Sébastien Mercier, volumineuse et composite, n'a suscité que trop rarement un intérêt pour une analyse d'ensemble. Si l'empreinte importante laissée par les habitudes de promeneur et d'observateur de l'auteur dans ses ouvrages principaux frappe immédiatement celui qui les parcourt, ces occupations quotidiennes ont également influencé la forme de l'oeuvre qui, dès lors, se trouve faite de miettes et de fragments récoltés au gré des déambulations journalières du littérateur, au gré de ce qui aura capté ou non son regard. S'ensuit une perception contradictoire entre l'oeuvre et les miettes qui la forment, comme si un ensemble cohérent ne pouvait naître de la forme morcelée de ses parties. Or, et au-delà de ce premier constat paradoxal assez flagrant pour quiconque se plonge dans les écrits foisonnants de Mercier, notre thèse veut montrer comment la préoccupation de l'auteur d'inscrire le présent a pu avoir un impact direct sur son oeuvre entière - autant dans le fond que dans la forme - au point de constituer, dans une certaine mesure, un dénominateur commun à l'ensemble qui permet de former un tout conséquent quoiqu'hétérogène. De la présence presque martelée du corps à l'omniprésence d'une plume témoin, l'oeuvre se déploie autour d'un but précis : observer la marque du temps sur les choses et les hommes. Mercier sème ses phrases au quotidien, marque le temps de ses pensées, utilise son oeuvre comme un journal de bord dans lequel il inscrit chaque instant comme autant de traces de la vie qui s'écoule, avec tous les paradoxes que peut contenir une écriture qui accumule sans rien retrancher de la parole déjà répandue dans le monde. L'oeuvre devient ainsi à la fois preuve et témoignage de l'évolution d'une pensée autant que du temps qui fuit, et non un simple amas disparate à ne consulter qu'en pièces détachées. Par l'impact de la perception du présent sur l'oeuvre entière - y compris dans sa part historique et anticipatrice -, c'est toute la singularité et la cohérence de la plume de Louis Sébastien Mercier, prise entre paradoxes, fragments et rapidité, qui se donne à lire.
Identifer | oai:union.ndltd.org:LAVAL/oai:corpus.ulaval.ca:20.500.11794/22543 |
Date | 17 April 2018 |
Creators | Cloutier, Annie |
Contributors | Belleguic, Thierry |
Source Sets | Université Laval |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | thèse de doctorat, COAR1_1::Texte::Thèse::Thèse de doctorat |
Format | 345 f., application/pdf |
Coverage | 16e siècle |
Rights | http://purl.org/coar/access_right/c_abf2 |
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