La formation initiale en éducation au préscolaire et en enseignement au primaire, offerte dans les universités québécoises, s'est adaptée aux nouvelles réalités véhiculées dans le Programme de formation de l'école québécoise (MEQ) depuis 2001. Pour soutenir cette réforme dans le programme initial de formation des maîtres, le ministère de l'Éducation du Québec a publié un document intitulé La formation à l'enseignement. Les orientations, les compétences professionnelles (2001).
Ayant le statut d'enseignante débutante depuis l'année de parution de ces deux ouvrages, ma formation initiale n'a pas assuré mon développement, en totalité, des nouvelles compétences professionnelles attendues par le MEQ. En plein c?ur de mon insertion professionnelle, je ressens un malaise au sein de ma pratique enseignante, plus spécifiquement en ce qui a trait à l'évaluation de la compétence à lire de mes élèves. Puisque la formation continue est un bon moyen mis à ma disposition pour combler cette lacune, ma question de recherche se formule ainsi : « Comment une démarche individuelle de développement professionnel permet-elle de développer ma compétence à évaluer la lecture de mes élèves ? » Les objectifs qui en découlent sont : 1) Tracer le portrait initial de ma compétence professionnelle à évaluer la progression des apprentissages de mes élèves en lecture ; 2) Utiliser une démarche individuelle de développement professionnel ; 3) Tracer le portrait final de ma compétence professionnelle à évaluer la progression des apprentissages de mes élèves en lecture.
Les concepts de ma recherche sont clarifiés : le socioconstructivisme, la compétence à s'engager dans une démarche individuelle et collective de développement professionnel, la compétence à évaluer la progression des apprentissages et le degré d'acquisition des compétences des élèves pour les contenus à faire apprendre, la compétence à lire et, enfin, l'évaluation de la compétence à lire.
Ma recension des écrits confirme la valeur certaine d'une démarche de développement professionnel collective de l'enseignant. Par le biais de recherches collaboratives, des chercheurs (Beauchesne, Garant et Dumoulin, 2005; Brodeur, Gosselin, Legault, Daudelin, Mercier et Vanier 2005; Charlier, 2005; Couture, 2005)
s'associent aux praticiens pour participer à leur développement professionnel. Dans d'autres études, ce sont les enseignants qui deviennent chercheurs : Brodeur, Daudelin et Bru, 2005; Butler, 2005; Charlier, 2005; Larouche, 2005; Porter, Garet, Desimone, Yoon and Birman, 2000; Uwamariya et Mukamurera, 2005. Ces derniers développent leurs compétences professionnelles en communauté d'apprentissage. Toutefois, aucune recherche, à ma connaissance, ne semble étudier l'apport d'une démarche individuelle sur le développement professionnel de l'enseignant en exercice, d'où l'originalité de ma recherche.
Ma recherche en est une de type qualitatif/interprétatif à la fois action et développement. La collecte des données se fait à partir des composantes d'une démarche de développement professionnel, telle que recommandée par le MEQ (2001) : faire le bilan de ma compétence à évaluer en comparant les deux portraits réalisés, puis, grâce à un récit de pratique d'une durée de cinq semaines, prenant la forme d'un journal réflexif. L'analyse de contenu a été effectuée selon les étapes de L'Écuyer (1990).
Les résultats de ma démarche de développement professionnel confirment non seulement le développement de ma compétence professionnelle à évaluer la lecture de mes élèves mais également celui d'autres compétences, celles-ci liées à l'acte d'enseigner : la conception et le pilotage de situations d'enseignement-apprentissage en lecture. De plus, j'ai réalisé que le côté affectif de mon apprentissage a eu un impact sur ma croissance professionnelle. Toutefois, le caractère individuel de ma recherche ne peut être réclamé en totalité. En effet, une première analyse réflexive est de mon cru et a, bien sûr, entraîné des apprentissages, mais n'eût été d'une spécialiste de la lecture pour un deuxième niveau d'analyse, mes apprentissages n'auraient pas été aussi grands.
À la lumière des résultats de ma recherche, je pense qu'une démarche individuelle de développement professionnel doit nécessairement passer par un engagement personnel et professionnel de la part de l'enseignant. De plus, la démarche est définitivement facilitée par la collaboration de spécialistes ressources (conseillers pédagogiques, professeurs d'université), mais le premier acteur concerné dans une démarche de développement professionnel est l'enseignant et son désir de se réaliser professionnellement. En ce qui me concerne, j'avoue avoir manqué d'initiative, avant l'entreprise de ma recherche de maîtrise, pour améliorer ma compréhension de la compétence à lire et ma compétence à évaluer la lecture. Ce n'est qu'une fois mon étude entamée que le désir d'amélioration s'est fait sentir.
En conclusion, je me permets de suggérer deux points : si un enseignant désire effectuer une démarche individuelle de développement professionnel, il serait bon qu'il s'adjoigne un spécialiste de ladite compétence afin de l'aider à réfléchir sur les idées issues de son journal réflexif; enfin, je recommanderais aux commissions scolaires de veiller à instaurer les conditions nécessaires pour faciliter le soutien à la formation continue de ses enseignants (engagement de conseillers pédagogiques, formations accessibles et suivi aux formations).
Identifer | oai:union.ndltd.org:Quebec/oai:constellation.uqac.ca:442 |
Date | January 2006 |
Creators | Morel, Claudia |
Source Sets | Université du Québec à Chicoutimi |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Thèse ou mémoire de l'UQAC, NonPeerReviewed |
Format | application/pdf |
Relation | http://constellation.uqac.ca/442/, doi:10.1522/24967817 |
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