Les centres historiques du Caire et de Mexico représentent aujourd'hui moins de 1 % de la surface bâtie des agglomérations. Espaces fondateurs, espaces symboliques et polymorphes, laissés pendant longtemps en marge de la dynamique métropolitaine, ils sont depuis la récente prise de conscience patrimoniale réinvestis par des valeurs qui les transcendent. L'analyse des centres historiques du Caire et de Mexico s'articule en trois axes aux influences réciproques : l'analyse des paysages urbains, des représentations et des politiques urbaines patrimoniales. Devant les difficultés de la transformation volontaire des espaces urbains hérités, caractérisés par la pauvreté voire la marginalité de ses populations et par un état de dégradation du bâti complexifié par une dynamique interne de reconstruction contemporaine, l'apparition de la ville patrimoniale apparaît avant tout comme une construction intellectuelle et politique. Elle naît d'une relecture de l'histoire au présent où des moments, des lieux, des personnages de l'histoire sont sélectionnés et deviennent signifiants. Cette construction contemporaine des centres historiques se fait d'abord par le discours, dans le but de renforcer les identités nationales et d'enraciner les habitants dans le temps, dans l'espace, dans une mémoire et un patrimoine communs. Mais, pour qui le patrimoine a-t-il un sens ? Pour qui et pour quoi réhabiliter la vieille ville du Caire et le centre historique de Mexico ? Ces questions renvoient à deux paradoxes. Le premier est lié à la volonté affichée des autorités, influencées par les modèles extérieurs de la préservation du patrimoine, de préserver et donc de " conserver " un paysage pourtant en perpétuelle mutation et qui est loin d'être figé dans un passé idéalisé. Le deuxième paradoxe est intimement lié au premier et renvoie au décalage entre les visions de la ville patrimoniale idéale (ou idéalisée) véhiculée par les élites, et les représentations des populations résidentes, qui, avant de voir les centres historiques comme des lieux patrimoniaux, les voient comme des lieux de vie, théâtre de leurs pratiques quotidiennes. L'adéquation entre les pratiques contemporaines et les formes de la ville devient alors le thème central des processus de reconquête urbaine dans les deux villes. La question qui sous-tend les différentes approches des centres historiques des deux villes, est celle de la conciliation entre le global et le local, entre l'universel et le particulier. La démarche comparative de deux espaces, deux paysages, appartenant à des cultures opposées, est alors un atout dans la distinction de ce qui relève des particularismes locaux, propres aux sociétés étudiées et de ce qui relève d'une même influence extérieure. La question serait de savoir si cette influence extérieure est assez puissante pour aplanir ces particularismes locaux ou si, au contraire, chaque culture, loin de céder à une forme de mondialisation des idées, des représentations et des pratiques de réhabilitation des centres anciens, s'approprie et réinterprète à sa manière la notion de patrimoine ainsi que les " canons " de la réhabilitation des espaces historiques. Les " recettes " visant à une reconquête des centres anciens, et les images de la ville historique idéale qu'elles génèrent, sont-elles les mêmes d'un continent à l'autre, indépendamment des formes urbaines, des spécificités, des traditions et des cultures propres à chaque pays et à chaque ville ?
Identifer | oai:union.ndltd.org:CCSD/oai:tel.archives-ouvertes.fr:tel-00597908 |
Date | 17 December 2002 |
Creators | Salin, Elodie |
Publisher | Université de Nanterre - Paris X |
Source Sets | CCSD theses-EN-ligne, France |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | PhD thesis |
Page generated in 0.0082 seconds