L'histoire houleuse de la province du Katanga, et plus largement de la République démocratique du Congo a fortement remanié l'organisation du tissu social traditionnel et la répartition de la population. Dans les villages à proximité des routes, de nombreuses populations cohabitent - Tshokwés, Kasaïen, Amba, Bemba, Lamba, etc. - et essayent de projeter et construire un avenir malgré la rareté des ressources. Dans l'espace rural du Katanga et du nord de la province de la Copperbelt (Zambie), les différentiels économiques, réels et fantasmés, sont omniprésents. La circulation d'expatriés – personnel d'ONG, salariés des sociétés minières, missionnaires, etc. - et la présence de « creuseurs » ou encore le va-et-vient de camions transportant le minerai exacerbent la conscience de pauvreté des habitants. Les moyens de communication modernes, le modèle de consommation occidental ont été assimilés avec une brutale rapidité transformant radicalement les modes et manières de se représenter, et en répercussion la conscience de soi des individus (De Lame et Dibwe, 2005 : 36). La jeune génération, et notamment dans les villages où la marge de manœuvre créatrice est plus grande, réinvente ces codes au travers des décorations en argile, en usant d'un legs dont elle n'a pas nécessairement conscience. La « guerre sociale des signes » (Ouedraogo, 2008 : 8) qui accompagne la globalisation nécessite de mieux comprendre les processus de représentation et c'est ce que vise cette recherche ; il s'agit donc dans cet ouvrage de mieux percevoir la façon dont se disent les individus que sont les habitants de trois villages de la Copperbelt africaine, voire la façon dont ils s'affichent par le biais des décorations. “Décorations, peintures et images de soi ; les processus de représentation à l'ère du Village-Global : Études de cas dans trois villages de la Copperbelt africaine” analyse ainsi les représentations produites par les habitants des villages de Makwacha (République démocratique du Congo), de Kakyelo (DRC) et de Mudenda (Zambie) au travers des décorations réalisées sur les murs des cases. / My research analyzes the mural paintings realized in the villages of Makwacha (Democratic Republic of Congo), Kakyelo (DRC) and Mudenda (Zambia). These mural paintings, while displaying apparently heterogeneous aesthetics, show similar production process (a mostly female collective dynamic, a similar use of clay and organic mixture as painting materials) that suggest their link to the former Lamba tradition called kushingula. Over the last 50 years, great economic and political changes have occured in Zambia and Democratic Republic of Congo. How do these mural paintings practices relate to each other ? What social status do have these paintings nowadays? Who does realize them and for which reasons? What kind of narratives do they elaborate? In order to understand what mirror these practices, I investigate on the inhabitants' motivations and sources of inspiration and the singular histories of each village, connecting individuals' initiatives and influences with village economic issues and structural organization. Indeed, along with the inhabitants, these mural painting practices involve a wide range of actors (NGO, tourists, journalists, artists, etc.) intertwinning different scales, divergent interests and heclectic imaginaries which question how cultural values and signs constantly (re)emerged from heterogenous agencies and how it circulates through individuals and groups.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2017EHES0158 |
Date | 11 December 2017 |
Creators | Denoun, Manon |
Contributors | Paris, EHESS, Ouedraogo, Jean-Bernard |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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