Cette thèse veut s’attacher aux usages dont Jean-Philippe Rameau fut l’objet en France entre 1764 (la date de sa mort) et 1895 (la date usuellement identifiée comme étant celle de sa résurrection, alors que commencent à paraître ses Œuvres complètes aux éditions Durand). Le temps intermédiaire n’est en effet pas celui d’un oubli : célébré comme un « grand homme » au lendemain de son décès, et ne disparaissant jamais des consciences et des cultures musiciennes, Rameau est d’abord critiqué (1764-1831), avant d’être réécouté (1832-1895). Sa musique souffre d’être ancienne en des temps progressistes consacrant l’esthétique gluckiste. Le concert saura pourtant après 1830 mettre parfois son historicité en valeur (un « désir d’authenticité » s’appuyant d’abord sur un goût pour la « couleur locale »); il saura aussi la gommer, fabriquant des standards ramistes ; ou bien la transcender dans l’image d’un « musicien charmant ». Le paradigme historiciste était, au XVIIIe siècle, en concurrence avec un classement « national » du musical (par ailleurs mis à mal par le cosmopolitisme gluckiste) ; il s’y associera pourtant à la fin du XIXe siècle pour une définition patrimoniale de la « musique française » où Rameau jouera son rôle. Le monde qui se développe sans Rameau après les années 1780 est un monde qui s’est spécifiquement constitué contre lui ; c’est pourtant dans ce monde-là que se redéploiera une écoute de Rameau qui, d’abord constituée à l’école d’autres répertoires, finira par devenir une écoute ramiste. / This thesis strives to present the different ways Rameau was considered by critics in France between 1764 (date of death) and 1895 (the year usually associated to Rameau’s revival and the time at which his Œuvres complètes were published by Durand). Meanwhile, Rameau was not forgotten. Acclaimed as a genius after his death, he remained present in musical mind and culture. His work was first criticized (1764-1831) before coming back into favor (1832-1895). In a progressive era that glorified the aesthetics of Christoph Willibald Gluck, Rameau’s music was stigmatized for being ancient. After 1830, public performance would simultaneously enhance its historicity (born from a taste for the authentic stimulated by the desire for a bit of local color) and erase it, thus creating a new variety of favorite Ramist tunes, and beyond them clichés of a gracious musician. In the XVIIIth century, the historicist paradigm competed against a classification of all things musical on the basis of nationality (in itself affected by gluckian cosmopolitism) only to reappear in association with it at the end of the XIXth century, thus contributing to the gradual definition of French music in relationship to past references in which Rameau will have a leading part. The musical world that developed without Rameau after 1780 was pointedly hostile to his work. It is none the less in that same world that a new focus on the composer gradually emerged, wrought in the light of other repertoires, that gave way to what became known as the « écoute ramiste ».
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2009PA040251 |
Date | 04 December 2009 |
Creators | Vançon, Jean-Claire |
Contributors | Paris 4, Gribenski, Jean |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | English |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
Page generated in 0.0022 seconds