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Odorama V2 : tentative de médiation technologique de la synesthésie tactile-olfactive

La synesthésie est une condition neurocognitive bénigne où les sujets porteurs de cette différence expérimentent des associations sensorielles de manière automatique, involontaire et idiosyncratique. Chez eux, les informations issues d’une modalité sensorielle telle que la vue, entraînent simultanément l’expression des modalités d’autres sens, tel que l’odorat. Cette particularité serait présente chez environ 4 % de la population mondiale (Hubbard, 2007). Il existe des dizaines de formes répertoriées (Day, 2011) et la teneur de leur expression varie d’un individu à l’autre (Simner, 2013). La synesthésie tactile-olfactive est présente chez 0,3 % des synesthètes (Day, 2011). Elle entraîne des perceptions olfactives selon les textures et autres sensations tactiles. La synesthésie a plusieurs impacts sur le quotidien des synesthètes, car elle affecte notamment leur façon de percevoir et de ressentir leur environnement. Puisqu’il s’agit d’une forme de développement neurocognitif alternatif (Ward, 2019), il peut être considéré comme un type de neurodiversité à part entière. Les expériences synesthésiques sont difficilement exprimables par le langage, ce qui peut provoquer un sentiment d’exclusion (Nielsen et al., 2013). Une des façons de favoriser l’inclusion est l’empathie (Masten, Morelli et Eisenberg, 2011), qui peut être suscitée grâce à des œuvres et des expositions artistiques qui impliquent l’engagement physique des spectateurs (Raboisson, 2014). Nous avons donc tenté de créer une expérience artistique permettant aux participants d’expérimenter avec leur corps les effets de la synesthésie tactile-olfactive. Cependant, il n’existait pas de média capable de réaliser la médiation de ce phénomène sensoriel. Nous nous sommes donc attelées à la conception et à la réalisation d’un tel artefact. En appliquant la méthodologie de la recherche-création, et en particulier les principes du mouvement DIY du « faire », nous avons créé un prototype de machine simulant les effets de la synesthésie tactile-olfactive. Toutefois, cette entreprise de création d’un dispositif de médiation technologique s’est révélée ardue et notre création finale ne ressemble pas exactement au prototype que nous espérions produire. Nous sommes allées aussi loin que nos compétences techniques nous le permettaient pour livrer un objet qui nécessiterait des améliorations futures. Le présent mémoire présente le cadre conceptuel et théorique ainsi que le processus de création dudit artefact. Grâce aux enseignements tirés de l’analyse de notre pratique, nous concluons qu’il existe plusieurs enjeux sociaux et techniques dans la pratique du « faire » en tant que méthode de création d’artefacts technologiques. Nous discutons finalement le rôle qu’un tel projet de recherche-création peut jouer dans la sensibilisation du public vis-à-vis des phénomènes neurocognitifs que sont la synesthésie et la neurodiversité. / Synesthesia is a benign neurological condition in which subjects experience an automatic, involuntary and idiosyncratic cross-activation of the senses. For them, the information from one sensory modality (e.g. sight) triggers a response from another sensory modality (e.g. smell). This condition is estimated to be present in at least 4% of the population (Hubbard, 2007). Dozens of forms of synesthesia exist, and their expression varies from one individual to the next (Simner, 2013). Smell-touch synesthesia affects around 0.3% of the synesthete population (Day, 2011). It induces olfactory perceptions according to textures and other tactile sensations. Synesthesia impacts the day-to-day lives of synesthetes, as it affects the way they perceive and feel their environment. Since it is a form of divergent neurocognitive development (Ward, 2019), it can be considered a form of neurodiversity. Like any form of neurodiversity, its manifestations are difficult to express with language. This can lead to feelings of exclusion (Day, 2005; Nielsen et al., 2013). One way to promote inclusion is through empathy (Masten, Morelli, & Eisenberg, 2011), which can be facilitated through physically engaging artworks and exhibitions (Raboisson, 2014). Our goal was to create an artistic experience that allows participants to physically experience the reality of touch-smell synesthesia. However, as there was no media able to mediate this sensory phenomenon, we tried to understand how to design and build one. By applying a research-creation methodology, and in particular the principles of the DIY “maker movement,” we intended to create a prototype capable of simulating the effects of touch-smell synesthesia. However, this process of creating a device for the technological mediation of the senses proved to be a difficult one, and our final prototype is not exactly what we hoped to produce. We went as far as our technical skills allowed us to and we delivered an object that would require some future improvements. This present Master’s thesis presents the conceptual and theoretical frameworks as well as the process of creating this artefact. Based on the lessons learned from our practice analysis, we conclude that there are several social and technical issues that need to be addressed in the “maker” practice as a method for creating technological artifacts. Finally, we discuss the role that such a research-creation project can play in raising public awareness of synesthesia and neurodiversity.

Identiferoai:union.ndltd.org:umontreal.ca/oai:papyrus.bib.umontreal.ca:1866/23712
Date11 1900
CreatorsPiguet, Géraldine
ContributorsKaminska, Aleksandra
Source SetsUniversité de Montréal
Languagefra
Detected LanguageFrench
TypeThèse ou mémoire / Thesis or Dissertation

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