La science est cette entreprise inachevée et inachevable à travers laquelle l'homme tente, par le truchement de l'exploration de la nature, du vivant et de la matière, de se connaître lui-même. De toutes les époques, ce mouvement vers le savoir a été ennobli. La puissance de la technique (technè) s'est depuis intégrée à cette entreprise. Au seul pouvoir de comprendre, se sont ajoutés les pouvoirs d'agir et de faire, et conséquemment de bien ou mal agir et faire. Les visées de cette science désormais technoscience sont des plus ambitieuses: redéfinir l'identité biologique humaine, maîtriser la nature, contrôler les naissances et la reproduction, modifier le rapport de l'humain à la terre et sa façon de se nourrir, améliorer sa qualité de vie et espérer repousser la mort. Plusieurs de ces développements scientifiques récents engendrent toutefois, dans la population, des craintes et peurs dont l'intensité et la mesure semblent proportionnelles à la grandeur des ambitions annoncées. En réponse à ces inquiétudes et critiques, mais surtout de façon à rétablir ce lien de confiance entre la science et la société, des mesures de contrôle de la science ont été mises en place. L'une d'elles consiste à établir un cadre normatif de plus en plus précis au sein duquel le rôle du chercheur et ses balises d'exercice seraient mieux définis. À travers ce processus, une conception du rôle social du chercheur s'est progressivement façonnée. Qu'est-ce qu'un chercheur aujourd'hui? Quel est son rôle? Comment doit-il agir en société? Le cadre normatif de la recherche en science propose une conception de ce rôle, mais cette dernière est-elle adéquate? Se pourrait-il qu'elle soit seulement une réponse à une peur qu'on aurait trop précocement transmutée en interdit? Et surtout, correspond-elle à la compréhension qu'ont les chercheurs en science de leur propre rôle? La question du rôle social du chercheur est complexe et ses composantes sont multiples. D'une part, le chercheur a la tâche de s'engager dans la société. Dans cette visée, il est invité à participer à la construction du bien commun, à respecter les valeurs promues au sein de la collectivité et à se plier aux contraintes que cette dernière tente de lui imposer. Au coeur de cette première dimension du rôle social du chercheur sont promues les valeurs de dignité de la personne humaine, de bienfaisance, de justice et d'équité. D'autre part, le chercheur aurait aussi la curieuse tâche de se dégager de cette même société. Dans cette visée, on l'invite plutôt à se distancier de cette société, à promouvoir une forme d'autonomie dans l'exercice libre de sa profession, et à servir d'autres valeurs comme le savoir, la vérité et la collégialité. L'équilibre dynamique et circonstancié entre ces deux visées puissantes, profondes, et qui entrent parfois en contradiction, définit le plus adéquatement l'exercice prudent du rôle de chercheur et de scientifique en société.
Identifer | oai:union.ndltd.org:LAVAL/oai:corpus.ulaval.ca:20.500.11794/23417 |
Date | 18 April 2018 |
Creators | Sénéchal, Jean-François |
Contributors | De Koninck, Thomas, Létourneau, Lyne |
Source Sets | Université Laval |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | thèse de doctorat, COAR1_1::Texte::Thèse::Thèse de doctorat |
Format | xi, 317 p., application/pdf |
Rights | http://purl.org/coar/access_right/c_abf2 |
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