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Arab Women in Translation : the Dynamics of Representation and the Construction of Alterity

Cette recherche examine la traduction et la réception en France, en Grande Bretagne et aux États-Unis de la littérature contemporaine d’expression arabe écrite par des femmes, afin de répondre à deux questions principales: comment les écrivaines provenant de pays arabes perdent-elles leur agentivité dans les processus de traduction et de réception? Et comment la traduction et la réception de leurs textes contribuent-elles à la construction d’une altérité arabe? Pour y répondre, l’auteure examine trois romans présentant des traits thématiques et formels très différents, à savoir Fawḍā al-Ḥawāss (1997) par Ahlem Mosteghanemi, Innahā Lundun Yā ‘Azīzī (2001) par Hanan al-Shaykh et Banāt al-Riyāḍ (2005) par Rajaa Alsanea. L’analyse, basée sur le modèle à trois dimensions de Norman Fairclough, vise à découvrir comment les écrivaines expriment leur agentivité à travers l’écriture, et quelles images elles projettent d’elles-mêmes et plus généralement des femmes dans leurs sociétés respectives. L’auteure se penche ensuite sur les traductions anglaise et française de chaque roman. Elle examine les déplacements qui s’opèrent principalement sur le plan de la texture et le plan pragma-sémiotique, et interroge en quoi ces déplacements ébranlent l’autorité des écrivaines. Enfin, une étude de la réception de ces traductions en France, en Grande Bretagne et aux États-Unis vient enrichir l’analyse textuelle. À cette étape, les critiques éditoriales et universitaires ainsi que les choix éditoriaux relatifs au paratexte sont scrutés de façon à mettre en lumière les processus décisionnels, les discours et les tropes sous-tendant la mise en marché et la consommation de ces traductions.
L’analyse des originaux révèle tout d’abord qu’à travers leurs textes, les auteures sont des agentes actives de changement social. Elles s’insurgent, chacune à sa manière, contre les discours hégémoniques tant locaux qu’occidentaux, et (ré-)imaginent leurs sociétés et leurs nations. Ce faisant, elles se créent leur propre espace discursif dans la sphère publique. Toutefois, la thèse montre que dans la plupart des traductions, les discours dissidents sont neutralisés, l’agentivité et la subjectivité des écrivaines minées au profit d’un discours dominant orientaliste. Ce même discours semble sous-tendre la réception des romans en traduction. Dans ce discours réifiant, l’expression de la différence culturelle est inextricablement imbriquée dans l’expression de la différence sexuelle: la « femme arabe » est la victime d’une religion islamique et d’une culture arabe essentiellement misogynes et arriérées.
L’étude suggère, cependant, que ce sont moins les interventions des traductrices que les décisions des éditeurs, le travail de médiation opéré par les critiques, et l’intérêt (ou le désintérêt) des universitaires qui influencent le plus la manière dont ces romans sont mis en marché et reçus dans les nouveaux contextes. L’auteure conclut par rappeler l’importance d’une éthique de la traduction qui transcende toute approche binaire et se fonde sur une lecture éthique des textes qui fait ressortir le lien entre la poétique et la politique. Enfin, elle propose une lecture basée sur la reconnaissance du caractère situé du texte traduit comme du sujet lisant/traduisant. / The present research explores the translation and reception in France, the UK and the US of contemporary Arabic literature by women authors, with a view to answering two main questions that have gone largely unexplored within translation studies: how do women authors from Arab countries lose their agency and subjectivity in the process of translation? And how do the translation of their dissident writings contribute to the construction of an Arab alterity? To answer these questions, the research analyzes three Arabic novels authored by women, and chosen for their very different thematic and formal characteristics, namely Ahlem Mosteghanemi’s Fawḍā al-Ḥawāss (1997), Hanan al-Shaykh’s Innahā Lundun Yā ‘Azīzī (2001), and Rajaa Alsanea’s Banāt al-Riyāḍ (2005). Using Norman Fairclough’s three-dimensional model, the analysis aims to explore the way these authors express their agency through their texts, as well as the images they depict of themselves and of women, in general, in their respective societies/communities. The English and French translations of each novel are then compared to the original with a view to identifying patterns of textural and pragma-semiotic shifts in the translations, and gaining insight into how these shifts undermine the author’s voice and agency. Finally, the analysis moves to the various practices involved in the reception of these translations in the US, the UK and France. Publishers’ decisions, editorial reviews and academic discourse are investigated with a view to identifying patterns in publishers’ decision-making and shedding light on the discourses and tropes undergirding the reception and consumption of these translations in their target contexts.
Analysis of the originals reveals that the authors act as agents of change through their texts. They contest, each in her own way, both local and Western dominant discourses, and (re)imagine their societies and nations in the process. In so doing, they carve out their own discursive spaces in the public sphere and open breaches for social change. However, the research shows that in several of the translations, the authors’ agency is undermined and their dissident discourses are backgrounded while an orientalist discourse is foregrounded. This same reifying discourse appears to underpin the reception of the novels in translation, as well. It is a reifying discourse wherein the representation of cultural difference seems to be inextricably imbricated in the representation of sexual difference: the “Arab woman” is (re)written as voiceless and powerless because of an Islamic religion and an Arab culture that are essentially misogynistic and backward.
Nevertheless, analysis reveals that publishers’ decisions, reviewers mediation and scholarly interest (or disinterest) impinge upon the way these novels are received and consumed more significantly than do translators through their interventions. Finally, the research underscores the importance of an ethical translation that transcends binary approaches and highlights the link between the aesthetic and the political. It also proposes an ethics of reading based on awareness of the situatedness of both the translated text and the reading/translating subject.

Identiferoai:union.ndltd.org:umontreal.ca/oai:papyrus.bib.umontreal.ca:1866/12342
Date04 1900
CreatorsBenmessaoud, Sanaa
ContributorsBuzelin, Hélène, Simon, Sherry
Source SetsUniversité de Montréal
LanguageEnglish
Detected LanguageEnglish
TypeThèse ou Mémoire numérique / Electronic Thesis or Dissertation

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