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Les pèlerines, la religion vécue et la Roumanie postcommuniste

À la fin de l’année 1989, la Roumanie entamait son chemin vers la démocratie. Depuis, le pays a connu de nombreux changements dont une « revitalisation religieuse ». L’attrait pour la religion en Roumanie a suscité l’intérêt des chercheurs qui ont tenté de rendre compte de comportements qu’ils jugeaient contraires aux thèses des théories de la sécularisation et de la modernisation. Ma thèse part d’une critique de ces études qui, concentrées sur ces théories, omettent trop souvent l’action des individus dans la vie de tous les jours. Dans la présente recherche, j’utilise l’approche de la religion vécue pour me pencher sur des individus et leur manière de comprendre, d’exprimer, de pratiquer et d’expérimenter la religion au jour le jour.
D’une manière réflexive, ma thèse examine la religion vécue dans la Roumanie postcommuniste à partir de pèlerinages réalisés durant le printemps et l’automne 2012 dans des monastères réputés pour leurs miracles, leurs confesseurs charismatiques ou leurs reliques. En raison de leur présence nombreuse dans les pèlerinages, les femmes se sont imposées comme les artisanes de la religion vécue en Roumanie. Elles sont au centre de ma thèse. En observant leurs croyances et leurs pratiques — et sans omettre la religion vécue des « porteurs de la religion officielle » —, j’explore des thèmes qui constituent autant de facettes de la religion vécue : le sort, le charisme, la matérialité et les reliques.
Ma thèse propose deux contributions à la recherche. 1) L’étude de la pratique de la religion des pèlerines nous renseigne sur la manière dont la religion est comprise et pratiquée dans un contexte orthodoxe. Elle laisse également entrevoir les conséquences de cette pratique dans la Roumanie postcommuniste : en effet, la religion vécue s’avère un véhicule de valeurs qui s’opposent au discours démocratique officiel. 2) L’étude propose une contribution théorique et méthodologique à l’approche de la religion vécue. Le matériau empirique sur lequel elle repose indique que la religion vécue prend racine dans l’Église pour ensuite circuler entre les femmes et les représentants de l’institution. Dans ce mouvement de va-et-vient, la religion vécue appartient aux pèlerines, mais aussi aux « porteurs de la religion officielle ». / At the end of 1989, Romania embarked on a path towards democracy. From that moment on, the country has witnessed numerous changes, including a “religious revitalization.” The attraction of religion in post-communist Romania has sparked researchers’ interest; they have tried to explain what they judge contrary to theories of secularization and modernization. My thesis starts with a critique of these studies, which have too often neglected everyday actions of individuals. In the present study, I use a lived religion approach to understand the ways in which individuals understand, express, practice and experiment religion in their daily lives.
In a reflexive manner, my thesis examines lived religion in post-communist Romania; it draws on fieldwork undertaken during pilgrimages in the spring and autumn of 2012 in monasteries known for their miracles, their charismatic confessors, or their relics. Because of their predominance during pilgrimages, women stand out as the main actors of lived religion in Romania. They are at the center of my thesis. Observing their beliefs and practices—without omitting the lived religion of the “carriers of official religion”—I set out to explore themes that represent as many facets of lived religion: fate, charisma, materiality, and relics.
My thesis offers two research contributions to the sociology of religion. 1) The study of the pilgrim’s religious practice instructs us on the manner in which religion is understood and practiced in an Orthodox context. It also gives insight into the consequences of this practice in post-communist Romania: as it turns out, lived religion is a vehicle for values diverging from the official democratic discourse. 2) The study provides a theoretical and methodological contribution to the lived religion approach. Its empirical material indicates that lived religion stems from the Orthodox Church before circulating between women and church representatives. In this to-and-fro movement lived religion pertains to the pilgrims as well as to the “carriers of official religion.”

Identiferoai:union.ndltd.org:umontreal.ca/oai:papyrus.bib.umontreal.ca:1866/13577
Date06 1900
CreatorsGrigore, Anamaria Monica
ContributorsThériault, Barbara
Source SetsUniversité de Montréal
LanguageFrench
Detected LanguageFrench
TypeThèse ou Mémoire numérique / Electronic Thesis or Dissertation

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