Judéité et personnages juifs ont hanté l’œuvre et les diverses réflexions de Marguerite Duras (1914-1996). En 1980, dans Les Yeux verts, elle se demande : « Qu’est-ce que la judaïté représente dans une problématique personnelle d’un non-juif ? Contre quoi est-elle ce recours absolu à nul autre pareil ? ». L’un des principaux objectifs de cette recherche est d’essayer de répondre à ces interrogations. Il s’agit de comprendre pourquoi ce qu’elle appelle la « chose juive » est aussi omniprésente, et comment à partir de « cette rencontre d’autrui », a évolué, au fil du temps, l’image récurrente du « juif ».Nous essaierons, tout d’abord, de retracer cette approche en répondant à deux questions primordiales : d’une part, qu’est-ce « juif », ce « nombre pur », ou ce possible « mot trou » ; et d’autre part, qu’est-ce qu’être juif, comment a pu autour de cette « appréhension » se mettre en place l’idée que le « juif » pouvait représenter « un état à venir de l’homme informé », donnant ainsi naissance à une sorte de modus vivendi ou à une éthique ? Nous verrons, ensuite, comment cette circonscription toute personnelle s’est immiscée dans l’écriture de Duras, et en privilégiant une approche génétique, comment elle a tenté de prendre forme, par exemple, au niveau des ses étranges personnages. Nous terminerons notre réflexion en nous demandant si son rapport au livre et si « les lectures illimitées » qui s’offrent au lecteur ne s’inscrivent pas finalement dans une certaine attitude hébraïque, talmudique, et, au-delà, comment cette judéité a pu éventuellement faire naître une mélodie, un phrasé, voire même une poétique proche d’une conception « juive » de l’écrivain et de l’écrit. / Jewishness and Jewish characters have permeated the entirety of Duras's work as well as her various thoughts. In 1980, she wondered in Les Yeux verts: “What does Jewishness represent in the personal questioning of non-Jewish ones? What does that unrivalled and absolute recourse stand up against?” One of the main goals of this research is to try and answer those questions. The point is to understand why, what she called “the Jewish entity”, is so pervasive and how the recurring image of the Jew(s) has evolved through time from that very first encounter with the other(s).We will first try to go through the different steps of that approach by answering two essential questions. On the one hand, what “Jewish”, that “genuine number” or that possible “hole word” is and on the other hand, what it means to be Jewish and how the idea that the Jew could symbolize “an upcoming condition of man informed” giving birth, in the process, to a kind of modus vivendi or to some ethics, could be formed. We will continue with reflecting on how that very personal delineation of the topic has gradually pervaded the way Duras wrote and how, by singling out a genetic approach, that writing took shape in the characterization of her odd protagonists. We will end our study by wondering whether both her relation to books and the unlimited interpretations the reader is faced with are typical of some sort of Hebraic, Talmudic attitude and, beyond that, how that Jewishness eventually gave rise to a melody, a chain of words or even some poetics that would resemble a Jewish conception of the writer and of the written work.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2012PA030153 |
Date | 18 December 2012 |
Creators | Camerini, Laurent |
Contributors | Paris 3, Calle-Gruber, Mireille |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | English |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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