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Le rôle de la vision dans la production de la parole

Ce mémoire vise à étudier le rôle des indices visuels (le mouvement des lèvres et de la mâchoire) dans les mécanismes de production sous-tendant la parole chez l'adulte, plus particulièrement dans la réalisation de la distinction binaire arrondi/non arrondi des unités vocaliques. Par la privation sensorielle qu'elle engendre, la cécité constitue un paradigme expérimental privilégié pour mesurer l'influence de la vision dans le processus de parole. Des données de nature acoustique et articulatoire de la production des voyelles orales [a i u y] du français québécois produites par quatre adultes présentant une cécité congénitale et quatre adultes normo-voyants ont été analysées dans le but de mesurer l'impact de la modalité visuelle sur la réalisation des gestes articulatoires. Plus spécifiquement, l'analyse de données articulatoires du mouvement des lèvres a permis de caractériser la dynamique labiale, en terme d'aire aux lèvres et de protrusion, dans la production des voyelles non arrondies [a i] et arrondies [u y], dans les environnements
consonantiques [b], [d] et [g]. Aussi, l'analyse de l'organisation articulatori-acoustique de ces quatre voyelles a été effectuée afin de déterminer si les caractéristiques acoustiques des productions des deux populations étaient similaires. Ces données ont également permis de vérifier dans quelle mesure les paramètres acoustiques pouvaient refléter les configurations labiales utilisées par chaque population. L'intégration de la condition prosodique d'emphase contrastive avait pour but de créer un environnement propice à la production de gestes articulatoires maximaux correspondant aux traits canoniques des segments. L'ampleur de la protrusion s'est avérée significativement plus importante chez les locuteurs voyants que chez les locuteurs aveugles et ce, tant en condition neutre qu'en condition d'emphase. Quant au paramètre d'aire aux lèvres, les comportements articulatoires ont été plutôt similaires entre les deux groupes, quoique les locuteurs voyants aient présenté des valeurs légèrement supérieures. En somme, l'analyse des espaces articulatoires labiaux et des distances euclidiennes articulatoires ainsi que les analyses discriminantes ont permis de confirmer notre hypothèse générale selon laquelle les locuteurs non voyants allaient produire une dynamique labiale moins importante. Or, cette distinction au plan articulatoire ne s'est pas traduite par des conséquences acoustiques dissimilaires, ce qui confirme l'existence d'un invariant de nature acoustique. Une importante variabilité est observée, ne révélant aucune tendance intergroupe spécifique. Afin de rendre compte de cette différence articulatori-acoustique, nous avons
proposé l'hypothèse selon laquelle les locuteurs aveugles compensaient leur faible protrusion par une stratégie de postériorisation linguale. Cependant, des analyses du mouvement de l'articulateur lingual doivent être menées auprès de cette population afin de confirmer cette hypothèse. En explorant les mécanismes de production de la parole dans une perspective multimodale, ce mémoire renforce l'idée selon laquelle la vision joue un rôle fonctionnel dans la production et la perception de la parole, processus fortement interreliés. ______________________________________________________________________________ MOTS-CLÉS DE L’AUTEUR : Phonétique, Vision, Production de la parole, Articulatoire, Acoustique, Voyelles.

Identiferoai:union.ndltd.org:LACETR/oai:collectionscanada.gc.ca:QMUQ.3360
Date January 2007
CreatorsLeclerc, Annie
Source SetsLibrary and Archives Canada ETDs Repository / Centre d'archives des thèses électroniques de Bibliothèque et Archives Canada
Detected LanguageFrench
TypeMémoire accepté, NonPeerReviewed
Formatapplication/pdf
Relationhttp://www.archipel.uqam.ca/3360/

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