Les ailleurs géographiques recherchés et célébrés dans l'oeuvre de Marguerite Yourcenar, en particulier dans les contes, les romans, les chroniques familiales et les essais, témoignent de la mise en scène d'une inextinguible quête de mobilité. L'analyse stylistique, sociologique et philosophique de cet éloge du mouvement physique et de l'élan intellectuel dont il est indissociable permet d'appréhender la création et l'écriture yourcenariennes sous un angle nouveau. Une éthique du voyage, expression privilégiée d'un mode de vie en mouvement, est diversement développée dans l'oeuvre en fonction du choix générique opéré : si le voyager est accès à une forme de sagesse dans la perspective didactique du conte, les bénéfices du déplacement en termes de connaissances sont plus amplement déclinés dans l'espace polymorphique du roman, et sont associés à l'apprentissage intellectuel et existentiel dans les textes à caractère autobiographique. Si le péril de l'immobilité hante irrémédiablement l'écriture de Yourcenar, le dépassement de la fixité, qu'elle soit strictement spatiale ou davantage sociale, met parallèlement en lumière une vision de l'épanouissement humain. Parmi ces incarnations rêvées de la mobilité, la femme s'impose comme une figure emblématique du mouvement. Dans les récits et les essais, dont l'une des finalités est précisément de s'interroger sur le dynamisme féminin, la capacité émancipatrice de personnages littéraires ou d'êtres réels peut alors se lire au regard de l'audace de leurs trajectoires spatiale ou mentale. Si la mobilité est en soi un acte signifiant, déceler la présence d'une symbolique des espaces parcourus qui ont abondamment nourri l'oeuvre permet de dresser une carte géographique existentielle qui éclaire le parcours artistique et spirituel de l'écrivain, en révélant les facettes qu'a revêtues son désir de connaissance du monde et de soi. / The distant geographical areas looked for and celebrated in Marguerite Yourcenar's works, in particular in tales, novels, family chronicles and essays, reveal the elaboration of a quest of mobility. The stylistic, sociological and philosophic analysis of this praise of physical movement and intellectual vigour with which it is linked , allows to conceive Yourcenar's creation and writing in a new way. A philosophy of travelling, as a privileged expression of lifestyle in movement, is variously developed in these texts according to the choice of the literary genre : if travelling is devoted to a form of wisdom in the didactic prospect of the tale, the profits of movement in terms of knowledge are more emphasized in the polymorphic space of the novel, and are associated to the intellectual and existential learning in texts with autobiographical character. If the danger of immobility, strictly in a spatial or more social meaning, has haunted the writing of Yourcenar, the way to overcome this danger shows a vision of human self-fulfillment. Among these fantasized embodiments of mobility, the woman stands out as an iconic figure of movement. In narratives and essays, in which the intention is to wonder about feminine dynamism, the liberating ability of literary characters or real persons can then be read in the light of their spatial or mental trajectories. If mobility is in itself a meaningful act, it may also reveal the importance of symbolic spaces that inspired Marguerite Yourcenar and draw an existential map which lightens the artistic and spiritual route of the writer, by revealing different aspects of her search for knowledge.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2015POIT5002 |
Date | 03 December 2015 |
Creators | Boulanger-Comte, Bénédicte |
Contributors | Poitiers, Julien, Anne-Yvonne |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text, Image, StillImage |
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