En combinant une sociologie historique du politique et des rapports entre intellectuels et le champ politique, cette thèse revient sur la création et les quelques mois d’activité du Rassemblement Démocratique Révolutionnaire. Créé en février 1948 par des écrivains et journalistes, des parlementaires de la S.F.I.O. et des militants syndicalistes et politiques, le R.D.R. devait rassembler autour d’un discours de refus du positionnement en fonction de l’alternative entre les « blocs » atlantistes et soviétiques. Il s’agissait pour un certain nombre de ses membres exerçant une profession intellectuelle d’inventer une position au sein du champ politique.A partir d’une biographie collective du groupe, complétée par une sociographie, ce travail met en évidence les particularités sociales de son recrutement et les positions qu’occupaient ses membres en 1948. La perméabilité entre les champs politiques et de production des biens symboliques permet d’expliquer la tentation partisane collective au principe de la création du Rassemblement.L’étude précise de la mobilisation en train de se faire montre que les multiples tentatives d’institutionnalisation du groupe se heurtent finalement à l’impossible stabilisation d’un répertoire de l’action collective. Tout se passe comme si la mobilisation autour du R.D.R. n’était aboutit que pour ses membres intellectuels et qu’à défaut de constituer une entreprise politique légitime, ce parti avait surtout fonctionné comme un « intellectuel collectif ». La réinscription de l’engagement au sein du R.D.R. dans une histoire longue des rapports entre champ politique et de production des biens symboliques souligne comment la conjoncture spécifique allant de la libération du territoire au début de la « guerre froide » a rendu possible une telle tentative de subversion des frontières symboliques au sein du champ du pouvoir.En renonçant à une analyse univoque du RDR comme un « échec », ce sont les enjeux liés à l’intervention politique des intellectuels que ce travail donne à voir. / From a combination between historical sociology of politics and sociology of interaction between intellectuals and political field, this thesis looks back at the creation and the few months of existence of the Rassemblement Démocratique Révolutionnaire. Launched on February 1948 by authors, commentators, socialist parliamentarians and political and union activists, the R.D.R. aimed at rallying around the refusal of taking sides between soviet and Atlantic bloc. Based on a collective biography complemented by a statistic and sociographical approach, we brought to light the social particularity of its members as well as their respective status in 1948. Permeability between the political field and this of symbolic properties production, explains the collective partisan temptation underlying the R.D.R.’s creation. The thorough study of the mobilization in the process shows that the multiple attempts to institutionalize the group failed to stabilize a repertoire of contention. It is as if the R.D.R.’s mobilization was only efficient for its intellectual members and as if, instead of a political party, they only succeeded in creating a “collective intellectual”. Contextualizing the R.D.R. in an extensive history of the relationships between political and intellectual fields reveals how the specific situation between France's liberation and the “cold war” allowed such an attempt to overstep the symbolic boundaries within the field of power. Given up the exclusive approach of the R.D.R. as a failure, it is the matters related to the political involvement of intellectuals that this thesis unveils.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2017PA100038 |
Date | 28 March 2017 |
Creators | Amiel, Bastien |
Contributors | Paris 10, Pudal, Bernard |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text, Image, StillImage |
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