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Projets et pouvoirs dans les villes européennes. Une comparaison de Marseille, Venise, Nantes et Turin.

Les grandes villes sont souvent présentées comme les grandes gagnantes des effets croisées de la globalisation, de la construction européenne et de la recomposition des Etats nationaux. On les désigne tout aussi souvent comme les lieux où se concentre la majorité des problèmes publics de notre temps et à l'échelle desquels doivent se concevoir les réponses à ces problèmes. En revanche, on connaît peu de chose sur la manière dont une capacité d'action collective se reconstitue dans les villes, autrement dit sur le processus d'institutionnalisation des villes comme espaces politiques au sein desquels des acteurs, des groupes et des institutions se reconnaissent mutuellement, reconnaissent des enjeux communs et construisent des réponses collectives à ces enjeux.<br /><br />C'est ce processus d'institutionnalisation que cette thèse se propose d'analyser à travers l'étude des projets de ville et des projets urbains dans quatre villes européennes : Marseille, Venise, Nantes et Turin. Qu'il s'agisse de grandes opérations de requalification urbaine et économique de morceaux de villes comme Euroméditerranée à Marseille, Porto Marghera à Venise ou l'Ile de Nantes, ou de dispositifs de planification stratégique comme à Turin, ces projets sont analysés comme des processus de mobilisation sociale activant des dispositifs d'interactions entre une pluralité d'acteurs, de groupes et d'institutions. L'analyse de ces dispositifs de projet fait apparaître plusieurs traits saillants des dispositifs contemporains de gouvernance des villes européennes : la différenciation des agendas, des enjeux et des systèmes d'acteurs d'une ville à l'autre ; la différenciation interne des scènes d'action publique urbaine et la multiplication des acteurs, réseaux et institutions impliqués dans les politiques urbaines ; la pluralisation des structures de pouvoir dans chacune des villes étudiées. Pour autant, ces différents phénomènes de différenciation et de pluralisation ne sont pas synonymes de la déperdition d'une capacité d'action collective dans les villes. En effet, ils sont accompagnés de phénomènes de recomposition, de construction de liens d'interdépendance entre la pluralité des acteurs impliqués et de reconstruction d'une capacité de coordination de leurs actions.<br /><br />L'analyse de ces projets fait apparaître un processus d'institutionnalisation à deux dimensions. L'institutionnalisation des villes comme espaces politiques et comme lieux de constitution d'une capacité d'action collective procède, certes, de l'affirmation d'un leadership politique et institutionnel capable de donner du sens à l'action d'une pluralité de réseaux et de coordonner leur action. Mais elle procède également de la démultiplication des interactions entre acteurs, groupes et institutions dans le cadre de processus de projet relativement ouverts et qui ne sont que partiellement déterminés, dans leurs formes et leurs résultats, par l'autorité politique. Ainsi, l'institutionnalisation des villes n'est-elle pas uniquement le résultat de l'action structurante des institutions de gouvernement urbains mais également de dispositifs d'interactions sociales qui cristallisent des dispositions à la coopération, des relations d'interdépendance, des identités d'action et des cadres cognitifs communs. Les configurations où la constitution d'une capacité d'action collective urbaine est la plus nette sont celles où les projets sont l'occasion d'une densification des réseaux d'acteurs et d'une démultiplication des interactions entre ces acteurs et dans lesquelles ces phénomènes sont secondés, relayés par une activité de portage politique et institutionnel du projet.

Identiferoai:union.ndltd.org:CCSD/oai:tel.archives-ouvertes.fr:tel-00125323
Date30 November 2002
CreatorsPinson, Gilles
PublisherUniversité Rennes 1
Source SetsCCSD theses-EN-ligne, France
LanguageFrench
Detected LanguageFrench
TypePhD thesis

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