En 1971, le Parti socialiste est refondé. L'objectif est alors de conquérir le pouvoir. En 2007, le PS perd des élections présidentielles devenues son objectif « naturel » : il est aujourd'hui un parti de gouvernement et dispose d'une implantation électorale sans précédent. Cette réussite électorale n'a pas été sans générer de profondes mutations du parti. Celui-ci a été structuré sur le modèle du parti de masse et ses membres le pensent intrinsèquement comme un parti de militants. Mais, tiraillés entre ce qu'est effectivement le PS et ce qu'il devrait être, ses dirigeants ont dû adapter l'organisation socialiste à son statut. Cette adaptation est étroitement liée aux rapports qu'entretiennent désormais les socialistes à l'Etat : il a fallu intégrer les contraintes du pouvoir et surtout ajuster le parti à la professionnalisation croissante de ses élites. Or, si la croissance du financement public dans son budget, la recomposition de son organisation centrale, ou bien encore le poids des élus sur le parti semblent corroborer cette idée, l'imbrication croissante du PS dans l'Etat, sa cartellisation donc, ne saurait s'effectuer mécaniquement. L'organisation du PS est avant tout l'objectivation de la configuration partisane socialiste, c'est-àdire le produit des interdépendances qui lient l'ensemble des membres du parti entre eux. L'accession au pouvoir et la réussite électorale ont profondément bouleversé cette configuration, heurtant ainsi directement la forme et les représentations de l'organisation socialiste. La cartellisation de l'organisation constitue donc la traduction contrariée et toujours inachevée dans sa forme des transformations qui affectent la configuration partisane socialiste. Autrement dit, s'il est dorénavant « normal » que le Parti socialiste prétende au pouvoir, cette évidence n'a été rendue possible qu'au prix de la cartellisation de son organisation, condition nécessaire au bon fonctionnement d'une configuration partisane lentement – et parfois douloureusement – adaptée aux exigences que le statut du parti requiert. Aussi, au terme de cette évolution, même si les représentations du PS comme « parti de militants » perdurent encore, celui-ci est désormais bel et bien, et avant tout, une véritable entreprise partisane.
Identifer | oai:union.ndltd.org:CCSD/oai:tel.archives-ouvertes.fr:tel-00485941 |
Date | 27 November 2008 |
Creators | Barboni, Thierry |
Publisher | Université Panthéon-Sorbonne - Paris I |
Source Sets | CCSD theses-EN-ligne, France |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | PhD thesis |
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