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Dynamiques transgressives et subversions du désir dans l'oeuvre narrative d'Anne Hébert

Chez Anne Hébert, le désir est la chance donnée à l'individu de s'émanciper. Mais il aveugle parfois au point de ruiner la responsabilité et la conscience. C'est par leur refus de la soumission que les protagonistes féminins affirment, dans un premier temps, leur différence. Une telle opposition engendre une agitation fiévreuse qui rappelle l'enfance sauvage. Le délire, avec sa violence inouïe, et les retours obsédants au passé excitent la colère au point où elle devient destructrice. L'épreuve de la maladie permet aux héroïnes de mieux préparer leur révolte, à l'abri du regard des autres. L'excès qui suit la réclusion ébranle; la rage qui accompagne cette ardeur s'observe même physiquement. Aussi la métamorphose de ces femmes conduit-elle, dans un deuxième temps, à l'émergence d'une force renversante. Sur ce point, la thèse s'inspire des idées de Georges Bataille, qui voit dans la révolte une possibilité de sortir de soi, par l'épreuve du ravissement, indissociable de la peur née au contact de l'interdit. Le désir fait partie de la part maudite de l'humanité, parce qu'il permet de s'affranchir des contraintes ou, pour reprendre une expression chère à Bataille, d'accéder à la souveraineté. Cette mise en mouvement d'une acuité déchirante se déploie dans la nouvelle « Le torrent » (1950), de même que dans les romans Les chambres de bois (1958), Kamouraska (1970), Les enfants du sabbat (1975), Héloïse (1980), Les fous de Bassan (1982), L'enfant chargé de songes (1992) et Un habit de lumière (1999). Dans ces oeuvres narratives, vient un moment où la préoccupation n'est plus de respecter les convenances familiales et sociales, mais d'être disponible à l'expérience de la liberté. Dans le premier chapitre, la thèse traite de la dynamique transgressive depuis l'assujettissement des héroïnes jusqu'à leur comportement désinvolte, lorsqu'elles rient, séduisent ou réclament une vie plus impétueuse. Par un retour sur l'enfance qui ravive le désir sauvage, le deuxième chapitre étudie les conduites et les épreuves, face à l'autorité maternelle, distinctes selon que le personnage soit un homme ou une femme. La reconnaissance de la part irrévérencieuse en soi est une forme d'acquiescement au désordre. Les conduites immodérées sèment incompréhensions et douleurs. Ces moments de bascule font l'objet du troisième chapitre qui présente un sujet aux prises avec la trace ou le remous de présences mortes. Les hommes, en particulier, se font autres dans le désir. Leur curiosité les entraîne dans un chaos au même titre que le délire. Le quatrième chapitre vise à mieux décrire les expériences subversives du fantasme et ses effets dans Les enfants du sabbat. Au contact de la sorcière, des traumatismes resurgissent. Ils empruntent les formes de l'ivresse, de l'horreur et de l'effusion érotique. Cette coïncidence du mouvement du mal avec celui de la liberté est étudiée dans le cinquième chapitre. Les personnages masculins tentent en vain de surmonter leurs impulsions. La frustration de ne pas y parvenir laisse place à la révolte et parfois même au meurtre. Ils prennent alors les attributs du diable et de la bête. La rage a l'éclat d'une jouissance aussi bien que d'un aveuglement. Elle mène à un «envers du monde» où les êtres sont confrontés au fantastique. Le sixième chapitre décrit cette zone sauvage auquel le corps répond par le surgissement violent du désir. Les forêts, les villes et les villages sont autant de lieux susceptibles de mettre en évidence le lien intime entre érotisme, agressivité et transformation physique.

Identiferoai:union.ndltd.org:usherbrooke.ca/oai:savoirs.usherbrooke.ca:11143/10100
Date January 2011
CreatorsBeauchemin, Mélanie
ContributorsWatteyne, Nathalie
PublisherUniversité de Sherbrooke
Source SetsUniversité de Sherbrooke
LanguageFrench
Detected LanguageFrench
TypeThèse
Rights© Mélanie Beauchemin

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