La poésie d'éloge est particulièrement fréquente au début du XVIIe siècle et se publie sous diverses formes. Or le lieu n'est pas indifférent quant à la lecture des pièces, notamment lorsqu'il s'agit de recueils collectifs. Ces recueils sont nombreux au début du siècle, mais ceux édités par Toussaint Du Bray ont une organisation particulière, les pièces étant regroupées par auteur avec un paratexte important. Ce mode de diffusion contribue à désancrer les textes du contexte de leur écriture pour les réinscrire dans un cadre poétique. L'équilibre des trois grandes fonctions (sociale, politique et poétique) de la poésie d'éloge en est modifié. La relation mécénique n'apparaît plus que dans les mises en scène qui en sont faites. La fonction politique s'infléchit en une réécriture des événements politiques et en la fixation d'un récit, la fonction idéologique perdurant dans la célébration des dédicataires et par la démarcation implicite entre ce qui est loué ou non. Surtout, la publication en recueil redonne la primauté au caractère poétique des pièces ; elle permet aussi de lire ce qui restait plus discret lorsque les poèmes étaient dispersés : parce que le poète doit justifier sa parole laudative, parce que la valeur de l'éloge ne dépend pas seulement de celui qui est loué mais aussi de la qualité du chant, les pièces font entendre un discours identitaire et métapoétique qui s'interroge sur le rôle du poète, la force de sa parole et son statut social, en ces années où les écrivains recherchent une plus grande autonomie. Dans les recueils collectifs, la poésie d'éloge valorise tout autant le poète que le grand.
Identifer | oai:union.ndltd.org:CCSD/oai:tel.archives-ouvertes.fr:tel-01068365 |
Date | 08 October 2011 |
Creators | Brottier, Beatrice |
Publisher | Université de la Sorbonne nouvelle - Paris III |
Source Sets | CCSD theses-EN-ligne, France |
Language | fra |
Detected Language | French |
Type | PhD thesis |
Page generated in 0.0015 seconds