En tant que levier de pouvoir du capitalisme contemporain, la gestion des ressources humaines est un paradigme polymorphe, omniprésent et en constante expansion dans les organisations nord-américaines. À la fois métier pratique d’assistance du monde des affaires, fonction de contrôle thérapeutique du travail et champ de savoirs psycho-administratifs, la gestion des ressources humaines façonne depuis plus d’un siècle un humain travailleur conforme aux exigences du capitalisme libéral.
La présente thèse cherche à comprendre le pouvoir et la pérennité du paradigme ressources humaines en pénétrant par l’ethnographie dans l’expérience des professionnels, experts et managers qui en sont les protagonistes. À travers le sens que ces derniers donnent à leur rôle, à travers leurs aspirations et leurs rationalisations, c’est la nature politique du phénomène managérial qui se rend visible. Cette nature consiste en l’utilisation paradoxale de la force du conflit : les gestionnaires de ressources humaines se positionnent comme les spécialistes de l’élimination de la conflictualité dans l’espace du travail, tout en entretenant dans leurs discours, savoirs, légitimations, pratiques et logiques les formes mêmes de dissonances qu’ils proposent d’éliminer. « Humanisateur » du travail autant que gardien de l’ordre en place, le paradigme ressources humaines sert le capitalisme contemporain en en absorbant, brouillant et finalement estompant les contradictions fondamentales.
Et parce que la puissance du dispositif gestionnaire réside précisément dans sa capacité à dissoudre ses oppositions, la présente thèse se veut aussi une réflexion sur les conditions, limites et possibilités de la critique en anthropologie des subjectivations contemporaines. / As a device of power for contemporary capitalism, human resources management is a multifaceted paradigm: it is omnipresent and in constant expansion within North American organizations. For over a century, in its triple capacity as provider of practical assistance to the business world, font of therapeutic workplace control and body of psycho-administrative knowledge, human resources management has been busy reshaping the human worker to conform to liberal capitalistic imperatives.
The goal of this dissertation is to further comprehend the power and durability of the human resources paradigm, using ethnography to delve into the experience of the professionals, experts and managers who are its protagonists. The political nature of the managerial phenomenon can be discerned in the meaning these players give to their roles, in their aspirations and rationalizations. Its political stance is embodied in human resources managers' paradoxical use of the power of conflict: at the same time as they position themselves as experts in eliminating conflictuality in the workplace, their discourses, knowledge, legitimations, practices and logics fan the flames of the dissonances they propose to eliminate. As a "humanizing" force in the workplace, and as a guardian of the established order, the human resources paradigm serves contemporary capitalism by absorbing, confusing and blurring the outlines of its fundamental contradictions.
And, because the managerial apparatus's power resides precisely in its capacity to dissolve opposition to itself, this dissertation also becomes a reflection on the conditions, limits and possibilities of critique in the anthropology of contemporary subjectivations.
Identifer | oai:union.ndltd.org:LACETR/oai:collectionscanada.gc.ca:QMU.1866/10786 |
Date | 08 1900 |
Creators | Turcot DiFruscia, Kim |
Contributors | Pandolfi, Mariella |
Source Sets | Library and Archives Canada ETDs Repository / Centre d'archives des thèses électroniques de Bibliothèque et Archives Canada |
Language | French |
Detected Language | English |
Type | Thèse ou Mémoire numérique / Electronic Thesis or Dissertation |
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