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Changer de vie : les bifurcations vers l’agriculture au 21e siècle au Québec

À l’heure où des milliers de producteurs délaissent leur métier et où des rapports alarmants dénoncent les conditions de travail difficiles et la détresse psychologique au sein du milieu agricole, de nouveaux acteurs décident de « retourner à la terre ». Cette thèse s’intéresse à la démarche en apparence « paradoxale » de ces nouveaux venus qui ne sont pas issus du milieu agricole et qui choisissent l’agriculture comme seconde carrière. Au Québec, ces nouvelles installations prennent la forme de reconversions graduelles et visent principalement les secteurs biologiques. Elles s’opèrent sur de petites surfaces d’exploitation, en privilégiant l’insertion dans des échanges marchands durables et territorialisés. Ces bifurcations vers l’agriculture, qui répondent initialement, entre autres, à une quête de sens ou au désir de contribuer positivement à la société, se heurtent néanmoins à de nombreuses difficultés avec l’expérience concrète de travail.
À la croisée de la sociologie des migrations néo-rurales et de celle de la profession d’agriculteur, cette recherche examine le processus de ces « retours à la terre » pour mieux comprendre les épreuves et défis qui jalonnent ces carrières agricoles. Elle mobilise une analyse de la bifurcation sur le temps long autour de trois temporalités (la bifurcation – la transition – le maintien en agriculture) révélant ainsi le caractère dynamique des trajectoires agricoles. La confrontation du travail imaginé avec le travail réel montre la façon dont les néo-agriculteurs modifient le rapport qu’ils entretiennent avec leur travail, mettent en place des stratégies de survie et recomposent leurs engagements pour s’adapter à une réalité parfois plus rude que prévue. À travers la construction de trois profils idéal-typiques (les « entrepreneurs », les « activistes » et les « terriens »), cette thèse cherche également à montrer la diversité des expressions du « retour à la terre ». Loin d’être un bloc monolithique, ces bifurcations agricoles sont teintées d’idéaux, d’attentes et d’aspirations qui s’inscrivent dans une trajectoire personnelle passée. Les analyses montrent la manière dont ces parcours agricoles se forment et évoluent en fonction d’aspirations professionnelles spécifiques, invitant alors à penser ces retours à la terre au pluriel. / At a time when thousands of producers are abandoning their profession and alarming reports denounce the difficult working conditions and psychological distress within the agricultural community, new actors are deciding to « go back to the land ». This thesis focuses on the seemingly "paradoxical" approach of those newcomers who do not come from a farming background and who choose farming as a second career. In Quebec, these new installations take the form of gradual reconversions and are mainly aimed at the organic sector. They are carried out on small farm areas, with the emphasis on integration into sustainable and territorialized market exchanges. These shifts towards agriculture, which initially respond, among other things, to a quest for meaning or a desire to make a positive contribution to society, are nonetheless encountering numerous difficulties with the concrete experience of work.
At the crossroads of the sociology of neo-rural migration and that of the farming profession, this research examines the process of these « returns to the land» in order to better understand the trials and challenges that mark these agricultural careers. It mobilizes an analysis of the bifurcation over time around three temporalities (the bifurcation - the transition - the maintenance in agriculture) revealing the dynamic character of agricultural trajectories. The confrontation of imagined work with real work shows how neo-farmers modify their relationship with their work, implement survival strategies and recompose their commitments to adapt to a reality that is sometimes harsher than expected. Through the construction of three ideal-typical profiles (the "entrepreneurs", the "activists" and the "nature lovers"), this thesis also seeks to show the diversity of expressions of the return to the land. Far from being a monolithic block, these agricultural bifurcations are tinged with ideals, expectations and aspirations that are part of a past personal trajectory. The analyses show how these agricultural paths are formed and evolve according to specific professional aspirations, thus inviting us to think of these returns to the land in the plural.

Identiferoai:union.ndltd.org:umontreal.ca/oai:papyrus.bib.umontreal.ca:1866/27854
Date08 1900
CreatorsMoriceau, Mélissa
ContributorsVan de Velde, Cécile, Alberio, Marco
Source SetsUniversité de Montréal
Languagefra
Detected LanguageFrench
Typethesis, thèse
Formatapplication/pdf

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