Au Cambodge depuis le début des années 2000, la forte croissance économique et la stabilisation de la vie politique, après des décennies de guerre, encouragent une importante spéculation immobilière dans la capitale, Phnom Penh. Les bidonvilles sont particulièrement visés par ces investissements privés, ainsi que par des projets d’aménagements publics. L’insécurité foncière qui caractérise ces quartiers informels permet aux autorités de libérer ces terrains par la force. Les déguerpissements de bidonvillois se multiplient et aboutissent à la création de « sites de relocalisation » sur lesquels des parcelles sont distribuées aux déplacés. Hors-la-ville, dans un cadre rural et isolé, ces sites de relocalisation sont une forme de reterritorialisation subie pour les déguerpis qui s’y installent, tandis qu’une partie d’entre eux retournent se reloger en centre-ville. La municipalité et le gouvernement cambodgien présentent ces déguerpissements comme un processus positif permettant de régulariser la situation des plus démunis dans de meilleures conditions de sécurité et d’hygiène. A l’inverse, les anciens bidonvillois estiment qu’ils ont été « jetés au milieu des rizières » sans ressource, sans logement, sans infrastructures. Le déplacement sous contrainte de citadins pauvres représente un choix de société résolument tournée vers le capitalisme et la compétitivité, aboutissant à une nouvelle forme de ségrégation socio-spatiale. La relocalisation apparaît plus comme un moyen d’éloigner les bidonvillois et de s’accaparer les terres qu’ils occupaient au profit d’une élite économique proche du pouvoir, plutôt que comme une façon de régler le problème des bidonvilles. / In Cambodia, since the 2000’s, strong economic growth and political stability stimulate an increasing speculation on urban lands in the capital, Phnom Penh. Slum areas are the targets of privet housing projects as well as public policies of beautification. The informal tenure of theirs lands makes slums dwellers particularly exposed to forced evictions, implemented to clean up the ground and to relocate them outside the city center. Resettlement sites are created to accommodate the involuntarily displaced people from the city to the fare and rural suburban areas. Part of these evicted people intends to resettle there, while others decide to seek for a new location back in the city. Both the Municipality and the Cambodian government present those forced relocations as a positive process to solve the informal settlements issue, and to offer more decent life conditions to the urban poor. Relocated people on the contrary, consider that they have been “thrown out in the middle of the rice fields” without any job opportunity, housing solution, or infrastructure. The “right to the city” is denied to the poorest. Forced evictions of the urban poor come within a social choice that encourages capitalism and urban competitiveness. One of the main consequences of this phenomenon is an increasing social and spatial segregation. Relocations appear as a mean to barely banish the slum dwellers from the city in order to grab the land they occupied, rather than to solve the informal settlements issue.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2013PA040204 |
Date | 04 December 2013 |
Creators | Blot, Julie |
Contributors | Paris 4, Sevin, Olivier |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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