Cette recherche s’intéresse au soutien à domicile des personnes âgées dites « en perte d’autonomie » dans un contexte où, d’une part, les inégalités socioéconomiques parmi ce groupe sont marquées et, d’autre part, les services à domicile tendent vers une standardisation et une marchandisation. L’autonomie a été mobilisée comme concept pour mieux appréhender les conditions de vie et les rapports sociaux qui nuisent ou contribuent au bien-être des aînés à domicile, de leur propre point de vue et de celui des auxiliaires familiaux et sociaux qui interviennent auprès d’eux. Ce groupe d’acteurs est généralement évoqué dans la littérature comme ayant une vision sociale et globale des personnes qu’ils visitent, de par leur proximité et intrusion dans l’espace de vie de ces dernières.
Le discours dominant par rapport au bien-être des personnes âgées (bien-vieillir ou, en anglais, successful aging) dans la littérature en gérontologie ou dans les documents institutionnels s’articule autour d’une conception fonctionnelle de l’autonomie, au détriment des dimensions plus sociales et relationnelles. Cette recherche a ainsi cherché à investir une perspective sociorelationnelle de l’autonomie, qui se retrouve en sciences sociales chez des auteurs tels que Druhle, Sen, McAll, Honneth, Guillemard et Castoriadis. Ce cadre conceptuel au cœur duquel se trouvent notamment les notions de reconnaissance et de rapports sociaux inégalitaires a servi de porte d’entrée pour analyser 10 entrevues semi-dirigées avec des auxiliaires familiaux et sociaux (qui ont évoqué, chacun, la situation des trois dernières personnes visitées, pour un total de 30 exemples de cas) et 14 entrevues semi-dirigées avec des personnes âgées recevant des services à domicile.
Au croisement de ces regards, les résultats de cette recherche suggèrent que les conditions de vie matérielles et relationnelles ont un impact déterminant sur la possibilité pour les aînés de « se sentir vivants » et que pour les personnes les plus défavorisées et/ou isolées, le soutien à domicile se traduit le plus souvent en une situation de « confinement », de « maintien » à domicile. Par rapport à la relation avec les auxiliaires, il apparaît que l’amélioration du bien-être des aînés recevant de l’aide à domicile passe, entre autres, par la création d’un espace relationnel autonome dans lequel la personne existe non seulement comme « corps », mais également comme « esprit ». Par-delà des services offerts, c’est ce type d’interaction (attentif et respectueux des habitudes, intentions et projets qui ont rempli la vie des personnes aidées) qui retient le plus leur attention et mobilise l’essentiel de leur discours sur le soutien à domicile. Il semble également que ce soit parfois en se faisant marginal dans la vie des gens et en créant simplement des espaces favorables à une autonomie collective que le réseau de services peut avoir les impacts les plus positifs sur les personnes, de leur propre point de vue. / This study aims to explore the elder’s home support, more narrowly the experience of people characterized as « in loss of autonomy » in a context where, on one hand, socioeconomic inequalities in this group are important, and, on the other hand, home support services tend toward a standardization and a commoditization. The concept of autonomy has been used to better apprehend the living conditions and the social relations that positively or negatively affect the wellbeing of elders at home, from their own perspective or from those of the visiting caregivers who work with them. The latter are generally mentioned in the literature has having a social and global perspective on the people they visit, as they are closely tied to them and intrude in their own living space.
In the gerontology literature and in institutional documents, the dominant discourse related to wellbeing of the elderly (« successful aging » or, in French, « bien-vieillir ») is articulated around a functional conception of autonomy, depriving it of its more social and relational dimensions. This research has developed a social perspective on autonomy grounded in social sciences and based on authors such as Druhle, Sen, McAll, Honneth, Guillemard and Castoriadis. This conceptual framework relies on notions of recognition and social inequality and was used in analyzing our 10 semistructured interviews with caregivers and 14 more with elders receiving homecare. Each of the 10 caregivers were asked to relate their last three visits, adding up to a total of 30 case studies.
At the crossroads of these narratives, the results of this research suggest that material and relational living conditions do have a decisive impact on elders’ possibility to « feel alive ». For those most disadvantaged and/or isolated, home support most often translates in situations of containment, of retention at home. With regards to relationships with caregivers, it appears that improvement of elders’ wellbeing receiving home support is related, among other things, to the creation of autonomous relational space where the person exists not only as a « body » with needs, but also as a « spirit ». Beyond the provided services, it is the kind of interaction (careful, mindful, respectful of habits, intentions and projects that fulfill the life of the assisted individuals), that occupies most of their narrative on home care services. According to the elders, from time to time, it seems that the health care system can have more significant positive impact by creating spaces propitious to collective autonomy and with marginal intervention.
Identifer | oai:union.ndltd.org:umontreal.ca/oai:papyrus.bib.umontreal.ca:1866/4910 |
Date | 01 1900 |
Creators | Fournier, Aude |
Contributors | McAll, Christopher |
Source Sets | Université de Montréal |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Thèse ou Mémoire numérique / Electronic Thesis or Dissertation |
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