Le travail contemporain est de plus en plus reconnu comme une expérience ambivalente, c'est-à-dire porteuse de satisfactions intrinsèques pour l'individu et des moyens pour s'accomplir et, en même temps, à l'origine de souffrances et malaises psychologiques divers : burn-out, stress, anxiété, dépression, etc. Prenant appui sur les contributions conjointes de l'approche française de la sociologie de l'individu et des sociologies du travail et de la santé mentale, l'objectif de la thèse est de poser un regard renouvelé sur les processus sociaux derrière les retombées foncièrement ambivalentes de l'expérience du travail contemporain. De la même manière que la sociologie a toujours reconnu le rôle irrémédiablement central joué par le travail dans la socialité moderne, la thèse postule que la société a toujours dû trouver les moyens de l'enchâsser, sa valeur morale comme son potentiel d'envahissement pratique, dans le reste de la vie sociale. La société a sans cesse eu à confectionner pour cela des mécanismes sociaux aptes à réguler le poids du travail sur la vie des gens : les freins et contrepoids du travail. Ces derniers réfèrent à l'ensemble des composantes de la socialité qui régissent la part de lui-même que l'individu engage dans le travail, ce qui revient à en baliser l'emprise objective et subjective sur l'existence. Cette recherche doctorale pose l'hypothèse que c'est en retraçant quelques-unes des transformations qu'ont connues les freins et contrepoids du travail, depuis la période fordiste (1940-1970) jusqu'à nos jours, qu'elle pourra éclaircir ce qui par-delà les normes et injonctions managériales amène les contemporains à se mobiliser si intensément vis-à-vis du travail et à accorder autant d'importance à ses rétributions expressives (reconnaissance, accomplissement de soi, etc.). Deux formes de « pathologie » professionnelle, le surmenage professionnel et le burn-out, respectivement liées à l'expérience du travail taylorien et contemporain (ou post-taylorien), lui servent d'ancrage empirique. À partir d'un corpus d'enquêtes interrogeant la plainte du surmenage professionnel et du burn-out, puisé à même la littérature existante, la thèse porte un éclairage sur certaines difficultés susceptibles d'avoir participé aux conditions d'apparition du surmenage professionnel et du burn-out au cours de l'histoire, au Québec et en France. Plus précisément, l'étude comparée de leur plainte cherche à voir si l'une ou l'autre des difficultés qu'elle recèle laisse deviner certaines transformations qu'auraient connues les freins et contrepoids du travail, entre la période fordiste et la période post-fordiste actuelle, et à en traduire certaines conséquences possibles pour l'individu de chacune des époques concernées. / Contemporary work is recognized as an ambivalent experiment, i.e. carrying intrinsic individual satisfactions and the means to achieve them and, at the same time, bringing various kinds of sufferings and psychological sicknesses: burn out, stress, anxiety, depression, etc. Our thesis is based on joint contributions of industrial sociology, mental health sociology and the French branch of individual sociology, and its purpose is to give a renewed approach on the social processes of the experiment of contemporary work. In the same manner as sociology always recognized the central part played by work in modern sociality, the thesis postulates that the society always had to find the ways to fit it into social life (both its moral value and its potential of practical invasion). For this purpose the society unceasingly had to create social mechanisms able to control the part of work on the life of people: brakes and counterweights of work. They refer to whole components of sociality which govern the personal part an individual engages in work, marking out the objective and subjective influence on the existence. Our research hypothesis is: by recalling some transformations within the brakes and counterweights of work since Fordism (1940-1970) until nowadays, we will be able to clarify what, beyond managerial standards and injunctions, leads our contemporaries to be mobilized so intensely with respect to work and to grant such importance to its expressive remunerations (recognition, oneself achievement, etc). Two forms of professional “pathology”, professional overwork and burn out, linked to the experiment of Taylorist work and contemporary work (or post-Taylorist), are used as empirical anchoring. Starting from a corpus of investigations questioning the complaint of burn out and professional overwork (drawn on the existing literature), the thesis casts new light on certain difficulties which took part in the appearance of professional overwork and burn out during the History, in Quebec and in France. More precisely, the compared study of their complaint seeks to see whether one or other difficulty lets guess some transformations which the brakes and counterweights of work would have known, between Fordism and the current post-Fordism, and to bring out some possible consequences for an individual of each period concerned.
Identifer | oai:union.ndltd.org:theses.fr/2012LIL30062 |
Date | 08 March 2012 |
Creators | Kirouac, Laurie |
Contributors | Lille 3, Université du Québec à Montréal, Martucceli, Danilo, Otero, Marcelo |
Source Sets | Dépôt national des thèses électroniques françaises |
Language | French |
Detected Language | French |
Type | Electronic Thesis or Dissertation, Text |
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